En Côte-d’Ivoire, « les forces du bien contre les forces du mal »

par Sandrine Raynal

* Doctorante à l’Institut français de géopolitique.

Après son élection à la présidence en octobre 2000, Laurent Gbagbo, pour confor-ter sa fragile légitimité, décide de s’appuyer sur les Ivoiriens chrétiens, majoritaires dans le Sud. Aussi utilise-t-il le concept d’ivoi-rité non plus seulement pour opposer les Ivoiriens aux étrangers mais pour opposer les Ivoiriens musulmans du Nord aux Ivoiriens chrétiens du Sud. L’ivoirité sous Gbagbo perd ainsi son caractère ethnique pour se transformer en concept régionaliste et religieux. D’où l’importance accordée à la religion et à sa pratique autour du prési-dent et de sa femme, tout deux très impliqués dans le mouvement évangélique. Le conflit est alors présenté comme étant le combat des forces du bien, incarnées par le régime en place, contre les forces du mal, que sont les rebelles.

Dans cette repré-sentation, les rebelles sont les musulmans du Nord, partisans d’Alassane Ouattara, lui-même poulain de la France. La guerre est donc assimilée à un combat spirituel, l’impérialisme français n’étant qu’une figure du mal radical dont les rebelles sont l’incarnation. Élisabeth DORIER-APPRILL et Robert ZIAVOULA, La diffusion de la culture évan-gélique en Afrique centrale

Abstract : Ivory Coast : “Good versus Evil”

After his election to the presidency in October 2001, Laurent Gbagbo, in order to comfort its fragile legitimacy, decides to rely on the Christian Ivoirians representing the majority in the South. Thus he uses the concept of “Ivoirité” not only to oppose Ivorians to foreigners but also to oppose northern Muslim Ivorians to southern Christian Ivorians. Under Gbagbo, this concept looses its ethnic meaning and becomes a regionalist and religious concept. Religion and its practice are very important for the president and his wife, both very much implied in the evangelical move-ment. The conflict is then presented as a conflict between Good, incarnated by the regimen, against Evil, being the rebels.

In this representation, rebels are the northern Muslims, supporters of Alassane Ouattara, protégé of France. The war is thus assimilated to a spiritual conflict, the French imperialism being a figure of the radical evil incarnated by the rebels. Élisabeth DORIER-APPRILL and Robert ZIAVOULA, The diffusion of the evangelical culture in Central Africa

Article Complet

La rébellion qui éclate en Côte-d’Ivoire le 19 septembre 2002 fut d’abord pré-sentée comme un mouvement de mutinerie de l’armée. Des soldats originaires du Nord, victimes des purges des forces de sécurité consécutives à l’arrivée au pouvoir de Laurent Gbagbo, en octobre 2000, mais aussi de son prédécesseur, le général Guéï, ont trouvé refuge au Burkina Faso, où ils ont préparé le coup de force. Très rapidement, le mouvement va s’attirer la sympathie des populations du nord du pays, auxquelles le terme de « rebelles » est rapidement assimilé par les tenants du régime en place. Dans la représentation diffusée par la presse progouvernemen-tale, les « Dioulas » constituent le réservoir en hommes de la rébellion. Le mot qui qualifiait, au sens strict, un groupe ethnique du nord de la Côte-d’Ivoire a fini par désigner l’ensemble des populations venues du Nord, qu’elles soient ivoiriennes ou étrangères, notamment burkinabé, et qui sont devenues très nombreuses à Abid-jan et dans le sud du pays. Ce glissement s’est opéré en prétendant à tort qu’elles sont musulmanes, à la différence des gens du Sud qui sont majoritairement chré-tiens. En outre, cette assimilation des populations ivoiriennes du Nord aux étran-gers, qui a provoqué le ressentiment des Dioulas et leur sympathie initiale pour la rébellion, est surtout le fait du déploiement du concept d’ivoirité. Celui-ci n’a cessé de diviser la population depuis la réapparition du terme en 1994, réinjecté dans la vie politique par le président de l’époque Henri Konan Bédié, successeur d’Houphouët Boigny.

Ce concept, qui vise à déterminer les caractéristiques d’une pureté identitaire, s’accompagne depuis l’accès au pouvoir de Laurent Gbagbo d’une dimension religieuse. Henri Konan Bédié a utilisé l’ivoirité pour évincer son concurrent aux présidentielles de 1995, Alassane Ouattara, leader du Rassemblement des républi-cains (RDR), ancien Premier ministre d’Houphouët Boigny et qui a travaillé au sein de grandes institutions internationales comme le Fonds monétaire internatio-nal (FMI) ou la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Pour l’éliminer de la course à la succession, il semble qu’un accord tacite se soit établi entre le chef du Parti démocratique de Côte-d’Ivoire (PDCI) de H. K. Bédié et celui du Front populaire ivoirien (FPI). Pour ce faire, les origines d’Alassane Ouattara, né à Kong, au nord du pays, vont être passées au crible, afin de prouver le caractère douteux de son « ivoirité ». Cette stigmatisation va, corrélativement, s’exercer sur tous les Ivoiriens originaires du Nord, qui vont adopter une sorte de consensus de solidarité derrière l’homme érigé au rang de symbole vivant de l’ex-clusion dont ils sont victimes. Ainsi, dès l’éclatement de la crise, une équation se met en place, dont les premiers termes sont « rebelles = RDR = Dioulas ».

Le processus d’assimilation de la mouvance RDR aux Dioulas commence en novembre 1994, lorsqu’une loi portant sur le code électoral modifie les critères requis pour être éligible à la tête de l’État. Jusqu’alors, tout électeur ayant la natio-nalité ivoirienne était susceptible de se présenter. La clause dite de l’« ivoirité » est introduite dans la Constitution : elle indique que tout candidat à la présidence en 1995 doit « être ivoirien de naissance et de père et de mère eux-mêmes ivoiriens de naissance ». Le but visé est provisoirement atteint, puisque cette disposition écarte Alassane Ouatarra qui, selon les cadres du régime en place, ne satisfait pas à toutes ces conditions. À la faveur de pièces frauduleuses « prouvant » l’ascen-dance étrangère de son adversaire, le président Bédié décrète en effet que ce n’est pas un vrai Ivoirien, mais un Burkinabé, et qu’il doit en conséquence être écarté de la course à la magistrature suprême. Toutefois, cette décision est à la fois le germe et le symptôme d’une division profonde de la société ivoirienne, au cœur de la crise actuelle. La remise en cause perpétuelle de la nationalité des popula-tions originaires du Nord et les « tracasseries » systématiques à propos de leurs pièces d’identité commencent. Elles vont s’aggraver avec la candidature de Laurent Gbagbo aux élections présidentielles d’octobre 2000. Ce dernier à son tour fait tout pour exclure Alassane Ouatarra du champ politique, n’hésitant pas à revenir sur la position qu’il avait tenue en 1995, défendant alors la légitimité de l’ancien Premier ministre à se présenter. À son tour il manipule la doctrine de l’ivoirité, en semant le doute sur l’authenticité des origines ivoiriennes de son adversaire poten-tiel. Après les violences qui suivent son élection à la présidence en octobre 2000, élection qui se passe dans un climat de haute tension et de contestation, Laurent Gbagbo cherche à conforter sa fragile légitimité. Pour ce faire il décide de s’appuyer sur les Ivoiriens chrétiens, majoritaires dans le sud de la Côte-d’Ivoire. Aussi utilise-t-il le concept d’ivoirité non plus seulement pour opposer les Ivoiriens aux étrangers, mais pour opposer les Ivoiriens majoritairement musulmans des savanes du Nord aux Ivoiriens chrétiens du Sud forestier. Ainsi, l’ivoirité sous Laurent Gbagbo perd-elle son caractère ethnique pour se transformer en concept régiona-liste et religieux. D’où l’importance de la référence faite à la religion et à sa pra-tique autour du président, et surtout de sa femme, tous deux très impliqués dans le mouvement évangélique qui se déploie depuis quelques années dans le pays.

Madame Gbagbo et les évangéliques

C’est par le biais de Simone Ehivet Gbagbo que l’évangélisme aurait pénétré au sein de la maison présidentielle, où des prières sont régulièrement tenues. Patronne de la section féminine de la Jeunesse catholique étudiante pendant ses années d’adolescence, il semble que ce soit à l’occasion de son divorce (l’Église de Rome jetant un mauvais œil sur les divorcés) mais surtout d’un accident de voiture survenu en mars 1996. Laurent Gbagbo s’en sort avec quelques côtes cassées tandis qu’elle échappe de peu à la tétraplégie, ce qui, selon Guy Labertit, l’a fait basculer dans sa nouvelle foi. Elle se croit désormais l’élue du Ciel. Quant à son mari il ne serait rien moins que le dépositaire d’une mission historique, mais aussi spirituelle. À l’origine de la conversion de l’actuel président au pentecôtisme, se trouve le pasteur Moïse Koré, très proche des religieux américains, qui est aujourd’hui son conseiller spirituel et serait devenu un des personnages clés du dispositif de défense du pouvoir ivoirien contre toutes les entreprises hostiles. Ancien international de basket-ball, il dirige une Église pentecôtiste dans la mou-vance de celle de Four Square, venue d’outre-Atlantique. Son message imprègne le sommet de l’État. « Que le Dieu tout-puissant bénisse la Côte-d’Ivoire et qu’il nous libère des méchants », déclarait Laurent Gbagbo le 8 octobre 2002, quelques semaines après le début de la crise, dans une allocution à la nation.

Le discours de l’évangélisme, dans lequel l’Apocalypse, attendue avec impa-tience, tient une place centrale, est déployé de manière distillée dans la presse ivoirienne progouvernementale depuis le début de la crise. Le conflit est présenté comme étant le combat des forces du bien, incarnées par le régime en place, contre les forces du mal, que sont les rebelles. Dans une telle représentation, les rebelles sont des Dioulas, c’est-à-dire des gens venus du Nord, des musulmans, eux-mêmes à la solde d’un parti, le RDR, dirigé par un homme, Alassane Ouattara, qui est lui-même le « poulain » de la France. Selon une telle lecture, la guerre n’est donc pas de nature ivoiro-ivoirienne, comme l’ont prétendu les autorités fran-çaises, mais assimilée à une seconde lutte d’indépendance contre l’impérialisme vorace de l’ancienne puissance coloniale ; ou encore à un combat spirituel, puisque l’impérialisme n’est qu’une figure du mal radical, dont les rebelles sont l’incarnation.

Ce mal, il s’agit de l’éradiquer ; pour cela, une très forte caution morale est délivrée à travers une référence constante à la Bible et à Dieu, dont Simone Gbagbo se fait la dispensatrice. Après sa participation à une messe d’action de grâces en faveur du maire de Lakota, le 2 juin 2004, les quotidiens Le Temps et Fraternité Matin rendent compte des propos de la première dame, dans des articles (voir ci-après) intitulés « Mme Simone Gbagbo prophétise : “Bientôt, les rebelles seront supprimés” » et « Mme Simone Gbagbo : “La Côte-d’Ivoire sortira purifiée de cette crise”. » Dans cet article, le journaliste rapporte que la première dame aurait déclaré, en s’appuyant sur ses connaissances religieuses que « Dieu n’aime pas les rebelles. Cela est dans plusieurs de ses textes. Il a dit que les rebelles seront supprimés. Chez nous comme ailleurs. Sa parole est toujours juste, justifiée et elle s’accomplit ». Au dire de Simone Gbagbo, la parole divine atteste que l’épanouissement du méchant a une fin : « Bientôt, le méchant n’existera plus. Ainsi, nous aurons une ère d’abondance promise par l’Éternel », a-t-elle indiqué. Le pays revient de loin. Selon elle, l’étranger a failli arracher aux Ivoiriens leur pays. Toutefois, elle a invité les uns et les autres à être toujours confiants et à ne pas se laisser habiter par le doute. Dans la mesure où le Tout-Puissant continuera son œuvre. « Nous sortirons de cette épreuve complètement purifié. Avec un pays qui nous appartient et qui est reconnu par l’univers entier », rapporte le journaliste du quotidien attaché au gouvernement.

La dangerosité du propos, dans un contexte de crise identitaire, est évidente. De la notion de « purification » à celle d’épuration ethnique, il n’y a qu’un pas qui se franchit aisément. D’autant que le discours est tenu par une des plus hautes autorités de l’État, l’épouse du président et la présidente du FPI à l’Assemblée nationale. Ce qui permet d’inférer qu’une telle thématique est en train de se mettre en place dans les consciences de certaines personnes, au plus haut niveau du pou-voir. C’est en outre par Laurent Gbagbo, selon la première dame, que l’autorité divine se réaffirme : « Lorsque son oint, le président de la République, parle, sa voix va le plus loin possible et touche les cœurs. Les faiseurs de trouble balbutient. »

Le président Gbagbo, « envoyé de Dieu »

Deux articles du Temps s’attachent à prouver, à travers les textes sacrés, que Laurent Gbagbo est l’envoyé de Dieu. Le premier d’entre eux, très long (près de cinq pages pleines), paru le 7 avril 2004 et intitulé « Les révélations du Dr Robert N’Guettia, théologien : “La seule solution pour la paix, c’est de mater la rébel-lion” ». Il examine la situation de la Côte-d’Ivoire à la lumière des Saintes Écri-tures, en la comparant à celle d’Israël. Le contenu du propos, vaut, il me semble, la peine d’être rapporté. Parce qu’il frappe l’imagination d’une population sou-mise à la propagande, et pour laquelle la parole sacrée a un poids. En outre, les populations du Sud sont plus christianisées que celle du Nord, donc sensibilisées depuis longtemps à la parole évangélique. J’en livre donc un bref résumé, compte tenu de la dimension initiale de l’article. Le contenu évoqué parle de lui-même.

Le peuple d’Israël vivait dans l’esclavage, dans la souffrance en Égypte sous Pharaon [...]. Le fruit de leur labeur (travail) était consommé par le pharaon et son peuple. Les Israélites ont commencé à crier à Dieu pour qu’Il leur envoie un libéra-teur [...]. Dieu a alors envoyé Moïse et Aaron pour faire sortir Israël de la dictature et de l’oppression [...]. Le peuple est sorti sans armes malgré la puissante armée du pharaon qui a été ensuite engloutie par la puissance de l’Éternel [...]. Dieu étant souverain pouvait permettre au peuple d’Israël d’arriver sur la Terre promise en quatre jours [...] au lieu de quatre jours, le peuple mit quarante ans de la mer Rouge à la Terre promise. Mais pourquoi ? Le lait et le miel devaient être la propriété des enfants d’Israël et ils devaient être bien gardés par une armée puissante qui fera peur aux voisins et aux fils rebelles qui voudraient s’en approprier. Au lieu de quatre jours, le peuple a passé quarante ans de guerre en guerre, rien que pour pré-parer son armée [...] (Exode 17, 12). [...] Le peuple n’a jamais négocié sa paix avec un autre. [...]. Ils ont combattu les Cananéens, les Moabites, et plus ils combat-taient, plus leur armée devenait puissante. Ainsi, de guerre en guerre, le peuple devenait puissant. Tous les rebelles étaient tués [...]. Israël ne concluait pas d’al-liance avec les rebelles, mais ces derniers étaient exterminés et voués à l’interdit (1 Samuel 15, 3). Lorsque le peuple d’Israël est arrivé sur la Terre promise, il a eu une armée puissante que ses voisins n’arrivent pas et n’arriveront plus à battre. Dieu n’a jamais aimé les rebelles.

Le théologien, après cette présentation, dresse le parallèle entre les débuts d’Israël et la situation dans laquelle se trouve la Côte-d’Ivoire.

De 1960 à 1999, les Ivoiriens vivaient dans l’esclavage sous la domination du pharaon Houphouët-Boigny [...] Le fruit de leurs efforts était versé gracieusement aux budgets des pays voisins, qui ne profitaient qu’aux dirigeants [...]. Pendant cette période, les Ivoiriens n’ont eu que pour recours l’appel au Seigneur. De même que Dieu envoya Moïse et Aaron en Égypte, il envoya Guéi et Gbagbo pour libérer les Ivoiriens sous l’emprise d’Houphouët et de son successeur, semblable, voire pire que lui [...]. En 1999, Guéi chasse Bédié du pouvoir. L’erreur que Guéi a faite est de vouloir arracher le pouvoir à l’envoyé principal [...]. Laurent Gbagbo, en 2000, devait être élu quel que soit son adversaire [...]. Malgré les coups de canons, les Ivoiriens traversèrent la mer Rouge avec à leur tête Laurent Gbagbo comme ce Moïse à l’époque pharaonique. Le président Laurent Gbagbo commence, avec son équipe, des travaux de titan qu’ils nomment Refondation.

Toujours comme Moïse, Laurent Gbagbo doit se confronter à l’adversité pour fortifier son armée, en vue de la rendre efficace pour protéger la Côte-d’Ivoire qui pourrait devenir, sous l’exercice de son pouvoir, une « superpuissance écono-mique » (référence faite à l’éventuelle exploitation de gisements de pétrole, en sus de toutes les richesses du pays qu’on lui connaît déjà). Ainsi, « l’armée devait pas-ser par la guerre afin qu’elle soit imbattable dans le futur et protéger les Ivoiriens et les richesses du pays [...]. Au fur et à mesure que la guerre en Côte-d’Ivoire durait, l’armée devenait puissante et avait le dessus sur tous les fronts ». Et puisque Israël n’a jamais traité d’alliance avec des rebelles, s’associer avec les assassins rebelles pour diriger le pays est une désobéissance des autorités légales ivoiriennes à Dieu. Les accords de Marcoussis, négociés par la France pour éta-blir un gouvernement d’union, sont donc accusés par le théologien d’être « anti-scripturaires » : « Aucun homme de Dieu qui a étudié la Bible ne dira d’appliquer Marcoussis », affirme-t-il. Aucune alliance n’est possible entre les rebelles et l’État ivoirien. La solution induite est, par voie de conséquence, celle de la lutte armée. Mais c’est de prières que le théologien parle, avant de déclarer de façon plus nette : « La seule solution pour la paix et une véritable réconciliation, c’est de mater la rébellion. » Tant il est vrai qu’« il [ne] peut y avoir d’amitié entre la lumière et l’obscurité ».

La « stratégie de Job contre Satan »

Le second article du Temps, paru le 5 août 2004, « Perspectives d’Accra III Gbagbo, Job et l’Espérance ivoirienne » est un bon exemple de ce genre de dis-cours. Il établit le parallèle entre la mission de Laurent Gbagbo et celle de Job. Il est publié dans le contexte des accords d’Accra III, où le président est présenté comme ayant décidé de se plier à toutes les exigences de ses adversaires. « Pour notre part l’attitude de Laurent Gbagbo inspire celle de Job, dans les Écritures, écrit le journaliste. En effet, Job, riche croyant, incarnait la foi en Dieu sur une terre desséchée par le règne du diable. [...] C’est un homme intègre et droit, crai-gnant Dieu, et se détournant du mal. » Aussi, l’« accusateur », à savoir Satan, pour lequel cette fidélité n’était pas désintéressée, proposa-t-il à l’Éternel d’éprouver Job, qui passa par toutes sortes de fléaux. Mais Job ne renonça pas à sa foi ; Satan dut renoncer à son but, et Job devint prospère « en biens, en enfants, en notoriété ». De même que Job, le président est sans cesse éprouvé, au fil des sommets sur la crise ivoirienne, « les uns aussi accablants que les autres ». À Accra (troisième sommet du nom), l’« accusateur » a dû « convaincre Kofi Annan en lui disant : imposons-lui l’article 35 nouveau, la délégation des pouvoirs à un autre, et il cra-quera. Or l’objectif est bien de le faire craquer et de perdre espérance ». Cepen-dant, le président aurait compris que ses interlocuteurs font toutes sortes de propo-sitions « non pas pour ramener la paix mais plutôt pour le tenter », afin de lui « demander raison de son Espérance ». Aussi a-t-il dû utiliser la « stratégie de Job : accepter tout d’avance sauf renoncer à la Côte-d’Ivoire ». L’enjeu de l’ennemi est d’« empêcher l’émergence de l’Espérance pour la nouvelle Côte-d’Ivoire », érigée par Laurent Gbagbo. « Comme dans le cas de Job, il s’agit de faire échec au règne d’une foi nouvelle », dont le prédicateur est Laurent Gbagbo, qui incarne un modèle d’espérance et de foi. Or Satan, précipité du Ciel sur la Terre où il règne en maître du monde, fait tout pour empêcher « l’émergence d’une nouvelle foi, d’une espérance en Dieu, qui serait synonyme d’une autre défaite pour lui ». Puisque le président ivoirien est présenté comme l’envoyé venu du Ciel pour diffuser la bonne nouvelle, ses adversaires sont corollairement les alliés de Satan. Le journaliste propose par conséquent une analogie entre « tous les agissements de gens dits tout-puissants qui visiblement n’ont pas d’intérêt à ce que Gbagbo gou-verne et applique son programme » et le malin : « Comme Satan se posant en maître absolu de la Terre n’admet pas un nouvel ordre, de même nos “maîtres” n’admettent pas une foi nouvelle, incarnée par Laurent Gbagbo. » Cette nouvelle foi consiste à ne plus remettre son sort à un quelconque dignitaire, dépositaire d’une certaine royauté ou noblesse familiale ; l’Esprit s’étant répandu partout dans le royaume de Dieu, la capacité à gouverner parvient, à travers cette nouvelle foi, jusque « au bas peuple, aux pauvres, aux gueux, aux va-nu-pieds, aux gens sans histoire et prédestination royale ». Laurent Gbagbo n’est rien d’autre que l’« exemple-type de ce nouvel ordre. Il est fils de pauvre, enfant du pays, fils de la galère nationale, pendant que les enfants de rois fêtaient leurs milliards. Laurent Gbagbo est la pierre qui a été rejetée. Il a été en prison pour avoir annoncé une foi nouvelle. Il est aujourd’hui crucifié pour avoir été le “messie” d’une Espérance nouvelle pour la Côte-d’Ivoire. »

Les risques des discours bibliques

Ce type de propos me paraît très dangereux, et donc plus inquiétant que risible. En effet, la presse loyaliste, mais surtout le quotidien Le Temps (que je qualifierais d’ultranationaliste), opère sur les esprits un travail de fond qui peut avoir de lourdes conséquences. Si l’on tient compte du nombre des « gens du Nord » et des étrangers qui vivent dans le Sud de la Côte-d’Ivoire, c’est-à-dire dans la partie contrôlée par les forces du président Gbagbo. L’exemple du Rwanda est dans tous les esprits, car il y fut fait grand cas d’imprécations religieuses.

Certes, l’idéologie en elle-même ne tue pas, comme l’explique lors d’un entretien Marcel Kabanda, historien consultant à l’Unesco : « Pour que les gens donnent un coup de machette, ça ne suffit pas, le discours ambiant. Il faut un passage à l’acte, une mise en scène de la violence ; dans le cas du Rwanda, c’était l’attaque de l’avion d’Habyarimana » ; il faut en outre « se sentir personnellement en danger, et croire que le responsable de ce danger, c’est son voisin ». Certes, dans ces articles ainsi que dans de nombreux autres que j’ai pu lire, les « forces du mal » ne semblent pas prendre corps ; il s’agit presque systématiquement de désigner l’« impérialisme », la communauté internationale, et surtout la France. On pourrait penser qu’une certaine distance est conservée, à la faveur du caractère abstrait de ces entités, entre la menace exercée et sa victime. Toutefois, la propagande dis-pensée permet désormais d’établir un rapport immédiat entre la France, le RDR, les rebelles, et, au bout de la chaîne, les gens d’origine étrangère, les Ivoiriens du Nord, en un mot, tous les Dioulas. Encourager à l’élimination du premier terme, c’est donc, implicitement, cautionner celle du dernier. La terreur, la peur vécue dans sa chair ou pour son proche, fait tuer. Mais je crois que l’idéologie apporte une caution éthique au passage à l’acte qui seule lui permet de prendre une dimen-sion de masse. Or les articles que je viens de citer montrent non seulement à quel point le danger est grand, puisque l’ennemi y est présenté comme le jouet des forces du mal, mais encore combien il est juste et bon de lutter en faveur de son éradication. On tue plus et plus facilement lorsque l’on est persuadé d’agir pour la bonne cause. Après avoir lu attentivement les articles relatant les déclarations de Simone Gbagbo, Marcel Kabanda, coauteur du livre Rwanda : les médias du génocide, a déclaré, dans une certaine perplexité mêlée de dépit :

Effectivement, ce n’est pas drôle, parce que nous savons que les mots comptent... Déclencher la violence n’est pas un phénomène superficiel. Primo Levi dit que la négation d’un souvenir douloureux, elle commence bien avant que le crime n’ait lieu pour ne pas penser ce que l’on fait, pour penser que c’est bien. À force de se le dire, on finit par le croire, qu’on est entré dans la prophétie biblique. La question pour Simone, c’est : comment continuer à vivre ? Comment dormir, quand on a cette responsabilité, et qu’il y a des petits enfants qui sont tués ? [Kabanda, 1995].

« MME SIMONE GBAGBO : “LA CÔTE-D’IVOIRE SORTIRA PURIFIÉE DE CETTE CRISE” », FRATERNITÉ MATIN, 6 FÉVRIER 2004
Situation sociopolitique

Invitée à Lakota comme marraine d’une messe d’actions de grâces en faveur du

maire de cette localité, la première dame de Côte-d’Ivoire a dit son espoir pour un

retour de la paix.

La première dame, marraine de la cérémonie du culte d’actions de grâces du

président du Conseil général de Lakota, Gnagra Jean-Claude, s’est prononcée sur la crise qui secoue le pays depuis le 19 septembre 2002. Cette cérémonie s’est déroulée dimanche dans le village de Dahiri (Lakota) en présence du conseiller du président de la République, M. Lida Kouassi Moïse, des élus, cadres et de nombreux invités. S’appuyant sur ses connaissances religieuses, la première dame dira que « Dieu n’aime pas les rebelles. Cela est dans plusieurs de ses textes. Il a dit que les rebelles seront supprimés. Chez nous comme ailleurs. Sa parole est toujours juste, justifiée et elle s’accomplit ». Au dire de la première dame, la parole divine atteste que l’épanouissement du méchant a une fin. « Bientôt, le méchant n’existera plus. Ainsi, nous aurons une ère d’abondance promise par l’Éternel », a-t-elle indiqué.

Pour elle, il n’y a pas de doute, le Seigneur est en train de régénérer la Côte-d’Ivoire. Puisqu’il a agi. Car le pays revient de loin. Selon elle, l’étranger a failli arracher aux Ivoiriens leur pays. Toutefois, elle a invité les uns et les autres à être toujours confiants et à ne pas se laisser habiter par le doute. Dans la mesure où le Tout-Puissant continuera son œuvre. « Nous sortirons de cette épreuve complète-ment purifiés. Avec un pays qui nous appartient et qui est reconnu par l’univers entier », poursuit-elle.

Fervente croyante en Dieu, l’épouse du chef de l’État est convaincue que la Côte-d’Ivoire sortira des eaux tumultueuses. « Parce que nous sommes fermement arrêtés sur du roc. Le roc de notre foi en Dieu. Nous serons sauvés. Dans la mesure où nous nous sommes abandonnés dans ses mains. Nous voyons déjà les prémices de la délivrance. L’autorité divine se réaffirme. Lorsque son oint, le président de la République, parle, sa voix va le plus loin possible et touche les cœurs. Les faiseurs de trouble balbutient. »

Mme Simone Gbagbo a exhorté les populations à rompre les liens avec les vilains sentiments tels que l’ignominie, la cupidité, et tout autre méfait qui déplaît au Seigneur. Ce qui signifie à ses yeux que chacun a des efforts à faire pour que la Côte-d’Ivoire amorce sa véritable résurrection à laquelle l’Éternel participera. Elle a recommandé de faire de Dieu ses délices afin qu’il exhausse (sic) le vœu de chacun.

Christian Dallet, envoyé spécial à Lakota.
« MME SIMONE GBAGBO PROPHÉTISE :“BIENTÔT, LES REBELLES SERONT SUPPRIMÉS” », LE TEMPS, 6 FÉVRIER 2004
Plutôt inhabituel pour célébrer une victoire électorale. Jean-Claude Gnagra, élu en juillet 2002 président du Conseil général de Lakota, a préféré rendre gloire à l’Éternel, son Dieu. Un culte d’actions de grâces, un jour de Pentecôte. Pas mal indi-qué après tout. Il n’a cependant pas oublié sa famille politique. Mme Simone Ehivet Gbagbo pouvait valablement remplacer feu le ministre Émile Boga Doudou, le parrain politique de Gnagra. Mais, la marraine ne parlera pas politique. Du moins, il n’a pas été question, dans le discours de la vice-présidente du FPI, de parti politique. Mme Gbagbo était, ce dimanche 30 mai, comme sous l’emprise du Saint-Esprit. Et son message a été accueilli, par les populations de Lakota rassemblées pour la circonstance à Dahiri, comme une prophétie d’espoir. « Bien-tôt, les rebelles seront supprimés », tel est le substrat du discours de la première dame. Selon Mme Gbagbo, c’est Dieu qui protège la Côte-d’Ivoire. C’est pour-quoi, elle pense que le président Laurent Gbagbo est en train de triompher des plus grandes puissances de ce monde. « Nous avons placé notre foi en l’Éternel. Nous nous sommes abandonnés à Dieu. Et comme Daniel, nous triompherons », a expli-qué la marraine. « Dieu n’aime pas les rebelles. Dans la Bible, les rebelles ont tou-jours été supprimés. Bientôt, ceux de la Côte-d’Ivoire le seront », a annoncé Simone Gbagbo. Avant d’ajouter que, de l’actuelle épreuve, sortira une nouvelle Côte-d’Ivoire, plus prospère. « Mais comme Lazare, pour ressusciter, il a fallu ôter la pierre et briser les liens », a prévenu la député d’Abobo, qui a demandé aux Ivoiriens d’ôter la pierre de leur cupidité et de briser les liens de la corruption. C’est la condi-tion d’une résurrection totale de la Côte-d’Ivoire. Avant Simone Gbagbo, c’est le représentant du maire de Lakota qui a souhaité la bienvenue à la première dame. Quant à Koudou Dago Grégoire, le porte-parole des populations de Dahiri, il a dit sa joie et sa fierté de recevoir « une femme de valeur ». Pour coller à l’esprit de la fête, le candidat malheureux aux municipales de Koumassi a expliqué qu’il n’y a que Dieu qui reste fidèle. Même pour ceux qui, comme lui, avaient partagé la philosophie de l’ex-président tanzanien Julius Néhéréré, qui considérait la Bible comme un instrument de l’impérialisme. « J’ai compris que nous pouvions les combattre avec la même Bible », a reconnu M. Koudou Dago. Jean-Claude Gnagra, le président du Conseil général de Lakota, lui, a expliqué le sens de la fête, qu’il a tenu à organiser en l’honneur de Dieu. Pour l’élu du département de Lakota, il n’y a que la main de Dieu qui puisse réaliser tout ce qui a jalonné sa vie. « Je ne suis pas le plus intelligent. Je ne suis pas le plus riche. Je ne suis pas le plus beau. Mais le choix s’est porté sur moi. Et ce, grâce à l’Éternel mon Dieu », a-t-il ajouté. À l’endroit de Mme Gbagbo, Jean-Claude Gnagra dira qu’après « le tragique départ de M. Boga, il n’y avait qu’une seule personne capable de le remplacer. Et pour moi, c’est vous, madame la première dame ». C’est d’ailleurs cette disparition de l’ancien député de Lakota qui a retardé l’action de grâces de Jean-Claude Gnagra à l’endroit de son Dieu. Finalement, c’est ce dimanche 30 mai, jour de la Pentecôte, que l’Éternel a été célébré pour les bienfaits dans la vie du président du Conseil général de Lakota. Pour la circonstance, une dizaine de pasteurs de l’Église protestante méthodiste unie de Côte-d’Ivoire était présente. L’animation a été assu-rée par six chorales de la même Église. Une fête qui a drainé un beau monde dans le petit village de Dahiri, dans la commune de Lakota.
« LES RÉVÉLATIONS DU DR ROBERT N’GUETTIA THÉOLOGIEN :“LA SEULE SOLUTION POUR LA PAIX, C’EST DE MATER LA RÉBELLION” », NOTRE VOIE, 4 JUILLET 2004
Est-ce la volonté de Dieu que les rebelles soient au gouvernement pour diriger les enfants de Dieu ? Car c’est ce que dit Marcoussis. La Bible dit que toute autorité vient de Dieu. Est-ce la volonté de Dieu que le pouvoir de celui qu’il a choisi lui soit arraché au bénéfice d’un Premier ministre de force ? Car personne n’ignore que Seydou Diarra n’a proposé son service qu’en cas de coup d’État, ce qui est curieux.

Est-ce la volonté de Dieu que ces gens qui ont envahi la Côte-d’Ivoire (rebelles, en dehors de l’alliance de Dieu) soient pardonnés sans un signe de regret ? Est-ce la volonté de Dieu que les rebelles s’associent à ceux qui respectent les autorités de Dieu, le pouvoir de Dieu et qui n’ont pas versé le sang pour gérer les affaires d’État ?

Nous essayerons de débattre de ces questions à la lumière des Saintes Écritures.

Depuis cette attaque, plusieurs pasteurs et théologiens ont parlé. Certains ont prédit la fin de la guerre en trois mois, et nous allons maintenant vers la deuxième année. D’autres ont dit qu’il faut appliquer Marcoussis et ont proféré certaines paroles antipastorales à l’endroit de l’autorité présidentielle.

Cette guerre a permis d’ouvrir les yeux à des chrétiens intelligents par rapport à des responsables d’Église menteurs et d’autres voyous qui passent leur temps à prêcher leur pensée. Voici ce que la Sainte Bible dit. Comparons la Côte-d’Ivoire et le pays d’Israël.

Les traits communs entre la Côte-d’Ivoire et Israël

Au plan social, Jérusalem est appelée pays de paix découlant (sic) de lait et de miel ; la Côte-d’Ivoire est appelée pays de paix. Ce pays a pour seconde religion la paix. Pour mieux comprendre, lisons Lévitique 26 : 6 : « Je mettrai la paix dans le pays, vous dormirez sans que personne ne vous trouble ; ferai disparaître du pays les bêtes féroces et l’épée ne passera pas dans votre pays. » Dieu disait cela au peuple d’Israël.

Au plan géographique, Israël est un petit carrefour entre l’Asie, l’Europe et l’Amérique. Dieu a fait cela pour que les gens qui y passent découvrent le vrai Dieu qui est adoré en Israël. Jérusalem est une ville carrefour et toutes les religions veu-lent Jérusalem comme capitale. Un produit des pays voisins n’est connu que s’il passe par Jérusalem. Cette ville est enviée par tous les voisins d’Israël. Esaïe

65 : 18 : « Réjouissez-vous plutôt et soyez toujours dans l’allégresse à cause de ce que je crée ; car je crée Jérusalem pour l’allégresse et son peuple pour la joie. » Jérusalem est une ville carrefour de joie qui accueille les gens du monde entier. Abidjan est une ville qui accueille tous les gens du monde entier, où il y a la joie, l’allégresse. Une cassette sortie dans un autre pays qui ne transite pas par Abidjan n’est point connue. Toutes les religions veulent Abidjan pour capitale. Fort de ce constat, nous disons que la Côte-d’Ivoire est la sœur d’Israël. Exode 4 : 22 : « Tu diras au pharaon : ainsi parle l’Éternel, Israël est mon fils, mon premier-né. » Si Israël est le premier-né, alors il en existe d’autres fils de Dieu et, parmi ceux-ci, nous pouvons citer la Côte-d’Ivoire.

De l’attaque de la Côte-d’Ivoire aux accords de Marcoussis-Kléber

Le peuple d’Israël vivait dans l’esclavage, dans la souffrance en Égypte sous Pharaon. Ces Israélites n’avaient point de parole si ce n’est de subir, de trimer sous le faix des corvées à eux infligées par le pharaon. Le fruit de leur labeur (travail) était consommé par le pharaon et son peuple. Les Israélites ont commencé à crier à Dieu pour qu’Il leur envoie un libérateur. Exode 3 : 7 : « J’ai vu la misère de mon peuple et j’ai entendu ses cris. »

Dieu a alors envoyé Moïse et Aaron pour faire sortir Israël de la dictature et de l’oppression. Dieu ajoute en Exode 3 : 19-20 : « Je sais que le pharaon ne vous per-mettra pas de partir mais j’étendrai ma main et je frapperai l’Égypte par toutes sortes de miracles et il vous laissera partir. » Dieu décide d’envoyer Israël dans un pays découlant (sic) de lait et de miel en référence à Exode 3, 17 ; au moment où Moïse s’est présenté devant le pharaon, celui-ci s’est opposé à la sortie du peuple d’Israël qu’il voulait toujours maintenir esclave. Le peuple est sorti sans armes malgré la puissante armée du pharaon qui a été ensuite engloutie par la puissance de l’Éternel. Le peuple d’Israël était maintenant libéré du pharaon et devait s’apprêter à aller sur la Terre promise où il y avait le lait et le miel.

Dieu, étant souverain, pouvait permettre au peuple d’Israël d’arriver sur la terre promise en quatre jours. Le lait et le miel, et toutes les richesses étant destinés au peuple d’Israël, si le peuple d’Israël arrivait tel qu’il est doux, inoffensif et sans armée, sur cette Terre promise, bénéficierait-il de ce lait et de ce miel ; quand on sait que tous ces futurs voisins l’envieraient ? Dieu connaissait la réponse à cette interrogation, c’est pourquoi au lieu de quatre jours, le peuple mit quarante ans de la mer Rouge à la Terre promise. Mais pourquoi ?

Le lait et le miel devaient être la propriété des enfants d’Israël et ils devaient être bien gardés par une armée puissante qui fera peur aux voisins et aux fils rebelles qui voudraient s’en approprier. Au lieu de quatre jours, le peuple a passé quarante ans de guerre en guerre, rien que pour préparer son armée.

Exode 17, 8-13 dit ceci : « Israël a combattu et a vaincu Amalec. L’armée d’Israël n’étant pas habituée au combat, Dieu le soutenait par la main de Moïse. »

Exode 17, 12 abonde dans le même sens : « Moïse a commencé alors à orga-niser le peuple d’Israël en instituant les lois et en les faisant respecter. Le peuple n’a jamais négocié sa paix avec un autre. Ils ont combattu les Cananéens, les Moabites, et plus ils combattaient, plus leur armée devenait puissante. Ainsi, de guerre en guerre, le peuple devenait puissant. Tous les rebelles étaient tués. » Nombres 25, 7-8 nous révèle que « Phinéas a pris une lance et a transpercé un Israélite qui a été rebelle à l’ordre donné au sein d’Israël ».

Israël ne concluait pas d’alliance avec les rebelles, mais ces derniers étaient exterminés et voués à l’interdit (1 Samuel 15, 3). Lorsque le peuple d’Israël est arrivé sur la Terre promise, il a eu une armée puissante que ses voisins n’arrivent pas et n’arriveront plus à battre.

Dieu n’a jamais aimé les rebelles.

Collossiens 3, 6 : « C’est pour cela que vient la colère de Dieu sur les rebelles. »

Ces rebelles, en éventrant les femmes enceintes, en égorgeant des civils, ne savaient-ils pas qu’ils péchaient ? Je crois que si ! Jetons un regard sur le cas de la Côte-d’Ivoire.

De 1960 à 1999, les Ivoiriens vivaient dans l’esclavage sous la domination du pharaon Houphouët-Boigny. Ils n’avaient pas la parole, ils subissaient tout. J’en veux pour preuve les disparitions tragiques et révoltantes de Kragbé Gnangbé, Biaka Boda, Mockey Jean-Baptiste... Les Ivoiriens travaillaient et le fruit de leur labeur est consommé par ce pharaon ivoirien et son équipe. Pendant que le cacao était vendu à 3 000 FCFA sur le marché international (LIFFE [London International Financial Futures and Options Exchange]), Houphouët donnait 200 FCFA aux pay-sans. Pendant que le café sur la bourse des matières premières était vendu 1 000 FCFA, il ne reversait aux paysans que des strapontins (150 FCFA). Les Ivoi-riens aspiraient à une augmentation de leur salaire, mais le fruit de leurs efforts était versé gracieusement aux budgets des pays voisins, qui ne profitaient qu’aux diri-geants. J’en veux pour preuve les comptes suisses que se sont constitués ces prési-dents d’un siècle passé. Les Ivoiriens vivaient dans l’esclavage. Il leur était défendu de s’exprimer et de révéler leurs pensées sous peine de représailles. Les journalistes étaient emprisonnés. De même que le peuple d’Israël vivait dans l’esclavage sous Pharaon, le peuple ivoirien vivait dans l’esclavage sous Houphouët ; et prétendre que de 1960 à 1999 la Côte-d’Ivoire était un pays de paix, c’est faire injure à la bienséance et est diffamation. Pendant cette période, les Ivoiriens n’ont eu pour recours que l’appel au Seigneur. De même que Dieu envoya Moïse et Aaron en Égypte, il envoya Guéi et Gbagbo pour libérer les Ivoiriens sous l’emprise d’Houphouët et de son successeur, semblable, voire pire que lui. Tout cela est spirituel et est inscrit dans le temps, véritable compagnon des errements et révéla-teur des tares. En 1999, Guéi chasse Bédié du pouvoir. L’erreur que Guéi a faite est de vouloir arracher le pouvoir à l’envoyé principal. La première déclaration de Guéi inspirée de Dieu : « Je suis venu balayer la maison » montrait à quel point il était aux commandes. Mais nous savons tous ce qui arriva. Il fut trompé et se rebella ainsi aux commandements de l’Éternel sans le savoir. Il avait pour mission de balayer la maison pour son successeur Laurent Gbagbo. Laurent Gbagbo, en 2000, devait être élu quel que soit son adversaire. En octobre 2000, Laurent Gbagbo est élu au suffrage universel. Malgré les coups de canons, les Ivoiriens traversèrent la mer Rouge avec à leur tête Laurent Gbagbo comme ce Moïse à l’époque pharao-nique. Le président Laurent Gbagbo commence, avec son équipe, des travaux de titan qu’ils nomment Refondation. Tous les secteurs d’activités sont passés au crible. Les journalistes arrivent à s’exprimer sans crainte, la filière café-cacao est remise aux planteurs, le décrochage des salaires des enseignants est effectif, les fonds alloués aux jeunes pour l’auto-emploi voient le jour, les départements et les régions se voient attribuer des milliards pour amorcer leur développement, l’ouver-ture du pays aux pays les plus offrants est véritable avec les appels à soumission à candidatures des marchés publics... Les Ivoiriens retrouvent peu à peu le sourire, car le pays découle (sic) de lait et de miel. Des champs pétrolifères sont découverts au large de nos côtes, donnant l’opportunité au pays d’intégrer le cercle fermé des pays exportateurs de pétrole ; et même des minerais sont exportés... Le Port auto-nome est agrandi, la réfection de l’autoroute du Nord connaît un démarrage des travaux, le troisième pont est en passe d’être construit, la CAA (Caisse nationale d’amortissement), maintenant BNI (Banque nationale d’investissement), devient la première institution de crédit devant les françaises, faisant de la Côte-d’Ivoire l’un des pays les plus développés et les plus riches d’Afrique, donc découlant (sic) de lait et de miel. Sachant que la Côte-d’Ivoire est convoitée, si l’exploitation des gise-ments est effective, et que l’AMU, les conseils généraux et toutes les autres richesses sont effectifs, et que la Côte-d’Ivoire devient une superpuissance écono-mique, les Ivoiriens bénéficieront-ils de ces richesses données par le Tout-Puis-sant ? Tels que les Ivoiriens sont doux, inoffensifs, avec leur armée qui n’a jamais combattu, leur pays ne sera-t-il pas assiégé par ses voisins jaloux ? Dieu seul savait la réponse à ces questions. Dieu seul sait comment protéger ces richesses. L’armée devait passer par la guerre afin qu’elle soit imbattable dans le futur et protéger les Ivoiriens et les richesses du pays. Jésus devrait être livré, mais il fallait quelqu’un pour le faire, et Judas l’a fait. Notre armée devait passer par la guerre sinon elle ne serait jamais puissante. Sinon l’État n’achèterait jamais d’armes sophistiquées pour la protection du pétrole ivoirien et des autres richesses. Il fallait quelqu’un pour le faire (une personne de mauvaise foi) et Guillaume Soro et consorts l’ont fait. La guerre s’est déclenchée. Au début, il a fallu la détermination des civils pour soute-nir notre armée sans grands moyens tout comme la première guerre d’Israël où Moïse devait soulever les deux bras et ne pas les baisser avant la fin du combat. Les mains de Moïse ici c’est le peuple de Côte-d’Ivoire, les jeunes et les femmes patriotes, etc. Exode 17, 11 : « Lorsque Moïse élevait la main, Israël était le plus fort. » Après ce combat d’Israël, Moïse n’a plus levé les mains quelque part pen-dant un combat. Les soldats seuls combattaient, car l’armée est habituée à la guerre et est très puissante. Au fur et à mesure que la guerre en Côte-d’Ivoire durait, l’ar-mée devenait puissante et avait le dessus sur tous les fronts. Je ne suis pas militaire mais je sais qu’à l’heure actuelle où j’écris ces lignes, aucune armée en Afrique de l’Ouest ne songera à attaquer la Côte-d’Ivoire. La guerre devait arriver pour rendre notre armée puissante afin qu’aucun pays ne puisse assiéger la Côte-d’Ivoire lors-qu’elle sera un grand producteur de pétrole et aura le plus grand port d’Afrique. Actuellement, les pays qui voudraient s’emparer du Port de San Pedro ont renoncé à leur entreprise, car ils savent que la Côte-d’Ivoire a une armée très puissante. Pour combattre Amalec, Moïse dit à Josué : « Choisis-nous des hommes, sors et combats » (Exode 17, 8). Pour combattre les rebelles et protéger la Côte-d’Ivoire et ses richesses, 4 000 jeunes ont été recrutés ; c’est le plan de Dieu. Israël n’a jamais traité d’alliance avec des rebelles, donc s’associer avec les assassins rebelles pour diriger le pays est une désobéissance des autorités légales ivoiriennes à Dieu. Ézé-chiel 20, 38 : « Je séparerai de vous les rebelles et les criminels, je les ferai sortir du pays où ils résident mais ils ne se rendront pas dans le pays d’Israël. » Collos-siens 3, 6 : « C’est à cause de ces choses que la colère de Dieu vient sur les fils de la rébellion. » Marcoussis est un danger pour la Côte-d’Ivoire. Marcoussis est anti-scripturaire. Aucun vrai homme de Dieu qui a étudié la Bible ne dira d’appliquer Marcoussis. Si vous convenez avec moi pour dire que la Côte-d’Ivoire est un pays aimé de Dieu, vous êtes d’accord avec moi pour dire après ces démonstrations que la Côte-d’Ivoire est la sœur de l’Israël. Vous et moi devons savoir qu’aucune alliance n’est possible entre rebelles et l’État ivoirien. Personne ne dira qu’il peut y avoir d’amitié entre la lumière et l’obscurité. Moi en tant que théologien, je ne crois pas à la fin de la guerre si les rebelles circulent librement devant ceux qu’ils ont violés, devant ceux dont les parents ont été massacrés, s’ils sont toujours sur les écrans des télévisions. Dieu est véridique. Je demande au président de la Répu-blique de faire attention pour que la colère de Dieu ne vienne sur lui par la faute des rebelles à qui il permet de diriger les affaires de l’État. Saul, qui devait exterminer les Amalécites, ces rebelles, mais qui a épargné Agag leur roi, la colère de Dieu est venue sur lui et il l’a abandonné (1 Samuel : 15 : 1-23). Savez-vous pourquoi les rebelles refusent de s’humilier et de demander pardon ? C’est parce que le plan de Dieu n’est pas qu’ils s’en sortent aussi facilement en dirigeant les affaires de l’État. Ils tiennent des discours provocateurs, sachant qu’ils ne peuvent plus combattre. Ils sont confus, car l’Éternel les a rendus vulnérables par nos prières. Les rebelles, sachant qu’ils ne peuvent pas combattre un seul détachement des Fanci, essayeront de provoquer la guerre civile si rien n’est fait. Monsieur le président, prenez, dès aujourd’hui, vos responsabilités car Dieu ne voudra pas que les rebelles gouvernent le pays. Lisez Psaume 125 : 3 : « Un mauvais roi ne pourra pas gouverner le pays des justes ; autrement eux aussi auront envie de faire le mal. » Si ceux-là qui ont violé les femmes, qui ont éventré ces femmes, dépecé leur fœtus, qui ont égorgé d’honnêtes citoyens et qui ont bu leur sang demeurent ministres, directeurs géné-raux d’entreprises et candidats à la présidence, cela ne pousserait-il pas les Ivoi-riens à devenir assassins ? C’est pourquoi Dieu ne voudra pas que ces rebelles restent impunis. C’est pourquoi il les a fragilisés en les poussant à s’entre-tuer à Bouaké comme il a fait aux Ammonites, Moabites et aux habitants de la montagne de Seïr (2 Chroniques 20 : 22-23). La seule solution pour la paix et une véritable réconciliation, c’est de mater la rébellion. Soit ils sont chassés par les armes, soit ils se rendent pour être jugés. Chers Ivoiriens, ne dormons pas, soyons vigilants afin que le pays soit libéré selon le plan de Dieu. Aucun traître ne verra cette Côte-d’Ivoire qui découlera (sic) de lait et de miel, tout comme les mauvais Israélites n’ont pas vu la Terre promise. Que la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence et l’Esprit de Dieu qui illumine toute pensée soient sur le président et tous les Ivoi-riens qui sont restés patriotes.
DOCTEUR N’GUETTIA ROBERT, THÉOLOGIEN, « PERSPECTIVES D’ACCRA III GBAGBO, JOB ET L’ESPÉRANCE IVOIRIENNE », LE TEMPS, 8 MAI 2004
Cet autre fléau qu’aura été Accra III renforce en fin de compte la foi dans l’espé-rance ivoirienne. Voici pourquoi ! Gbagbo aura tout accepté : délégation des pou-voirs de l’exécutif au Premier ministre Seydou Diarra, changement de l’article 35 pour permettre la candidature de Ouattara, réintégration des trois ministres rebelles parmi les rebelles au gouvernement, délai imparti à l’Assemblée nationale, institution de l’État pourtant non conviée au débat, de procéder à toute réforme en faveur des exigences rebelles, etc. Et seulement après, le désarmement. L’abdication du prési-dent à Accra sonne comme le glas du combat patriotique, pensent certains. Pour eux, c’en est trop, et le chef de l’État montre des signes de faiblesse. Pour notre part l’attitude de Laurent Gbagbo inspire celle de Job, dans les Écritures. En effet, Job, riche croyant, incarnait la foi en Dieu sur une terre desséchée par le règne du diable. « Il n’y a personne comme lui sur la Terre, témoigne le Seigneur lui-même ; c’est un homme intègre et droit, craignant Dieu, et se détournant du mal. » Mais pour Satan, cette fidélité de Job dans l’espérance en l’Éternel n’était pas désintéressée. Ainsi l’accusateur proposa-t-il à l’Éternel d’éprouver Job dans sa paix avec Dieu. Dont acte ! Job passa par toutes sortes de fléaux : la perte de ses richesses, de ses enfants, de sa notoriété, la maladie, etc. Il ne restait plus qu’une seule chose à Job, renier et maudire son Dieu, comme le lui suggéra sa femme. Job résistera jusqu’au bout, de là, le célèbre dicton : « Je suis sorti nu du sein de ma mère, et nu je retournerai dans le sein de la terre. L’Éternel a donné, et l’Éternel a ôté ; que le nom de l’Éternel soit béni ! En tout cela, Job ne pécha point et n’attribua rien d’injuste à Dieu. » Satan, ayant découvert plus tard la foi inébranlable de Job, finit par lâcher prise, et Job devint prospère de plus belle en biens, en enfants, en notoriété. Dans le cas du pré-sident Gbagbo, les sommets sur la crise ivoirienne se succèdent, les uns aussi acca-blants que les autres. Et au dixième sommet du genre, c’est-à-dire Accra III, l’accusateur a semblé dire, il tient encore à son espérance parce que l’on n’a pas touché à l’essence, au cœur de son pouvoir. Ils ont dû convaincre Kofi Annan en lui disant : imposons-lui l’article 35 nouveau, la délégation des pouvoirs à un autre et il craquera. Or l’objectif est bien de le faire craquer et de perdre espérance. Et ainsi l’accusateur pourrait légitimement brandir les spectres de sanctions internationales et de l’embrasement social. Mais Gbagbo n’a pas « maudit son Dieu ». Ayant découvert qu’en fin de compte les interlocuteurs font toutes sortes de propositions non pas pour ramener la paix mais plutôt pour le tenter, ayant vu que Marcoussis n’était point un médicament mais plutôt un purgatoire et que toute négociation consisterait à lui demander raison de son espérance, cet habile politique a dû utili-ser la stratégie de Job : accepter tout d’avance sauf renoncer à la Côte-d’Ivoire. Et en face, les gens finiraient par lâcher prise.

Raison d’espérance

L’enjeu est de taille. Il s’agit pour l’ennemi d’empêcher l’émergence de l’espé-rance pour la nouvelle Côte-d’Ivoire. L’hymne national l’a si bien prédit : « Salut ôTerre d’espérance... si nous avons dans la paix ramené la liberté, notre devoir sera d’être un modèle de l’espérance promise à l’humanité... » Le mystère de la « terre d’espérance » est révélé dans la sagesse du Livre de Job qui mentionne : « Ton espé-rance n’est-elle pas ton intégrité ? » (4v6). Mais alors le schisme qui divise le pays en deux actuellement volatilise-t-il toute espérance et rend-il épouvantail la vérité de l’hymne national ? Loin s’en faut ! Au contraire, la Côte-d’Ivoire est comme un arbre et « un arbre a de l’espérance. Quand on le coupe, il repousse. II produit encore des rejetons » (4v7). Ainsi par la révélation de Job (l’espérance = l’inté-grité), l’hymne national (terre d’espérance) et la situation politique nationale actuelle (pays coupé en deux comme un arbre qui repoussera et produira encore des rejetons), l’on pourra conclure que le bien précieux, enveloppé dans le mystère de l’hymne national, c’est bien l’espérance que l’on veut ôter à ce pays. Parlons, pour mieux nous faire comprendre dans notre propos, comme les nationalistes, militants, patriotes, que certains qualifient de narcissiques xénophobes : la Côte-d’Ivoire se révèle être une terre bénie de Dieu, en particulier. Et l’on fait aujourd’hui la guerre à ce pays parce que ses véritables enfants sont sur le point de saisir le sens de leur histoire. C’est-à-dire se donner les moyens de devenir « un modèle de l’espérance promise à l’humanité ».

Signes d’espérance

L’enjeu, nous l’avons dit, est d’empêcher l’émergence. Comme dans le cas de Job, il s’agit de faire échec au règne d’une foi nouvelle. On le sait : Satan, précipité du Ciel où il a perdu combat, a jeté son dévolu sur la Terre où il règne en maître du monde. Il a donc usé de toute ruse pour empêcher l’émergence d’une foi nouvelle, d’une espérance en Dieu, qui serait synonyme d’une autre défaite pour lui. Par ana-logie, tous les agissements de gens dits tout-puissants, qui visiblement n’ont pas intérêt à ce que Gbagbo gouverne et applique son programme. Parce que justement ils perdent alors pied sur une Côte-d’Ivoire qui jusque-là était leur héritage exclusif. Comme Satan se posant en maître absolu de la Terre n’admet pas un nouvel ordre, de même nos « maîtres » n’admettent pas une foi nouvelle, incarnée par Laurent Gbagbo. Est-il encore besoin de démontrer que Gbagbo incarne cette foi nouvelle ? La vieille foi dans les pères et leurs héritiers des nations s’étant effritée, le peuple de Côte-d’Ivoire se forge une autre mentalité : ne plus remettre son sort à un quel-conque dignitaire, dépositaire d’une certaine royauté ou d’une noblesse familiale. Se prendre soi-même en charge, car l’espérance signifie que l’Esprit est maintenant répandu sur toute chair et le royaume de Dieu, c’est-à-dire le pouvoir ou la capacité à gouverner, est maintenant parvenu au bas peuple, aux pauvres, aux gueux, aux va-nu-pieds, aux gens sans histoire et sans prédestination royale. Gbagbo est l’exemple-type de ce nouvel ordre. Il est fils de pauvre, enfant du pays, fils de la galère nationale pendant que les enfants de rois fêtaient leurs milliards. Laurent Gbagbo est la pierre qui a été rejetée. Il a été jeté en prison pour avoir annoncé une foi nouvelle. Il est aujourd’hui crucifié pour avoir été le « messie » d’une espérance nouvelle pour la Côte-d’Ivoire. En face, ce sont évidemment les prêtres de la foi ancienne. Symbole du serpent ancien, ils se font appeler maintenant - et c’est pour se dévoiler - le « G7 », les sept grands, les sept rois, le sept étant lui-même le chiffre de la plénitude, de la complétude. Ils s’attribuent donc le monopole du pouvoir. C’est pourquoi, alors qu’ils ont eux-mêmes gouverné sans partage pendant quatre décennies, ils exigent aujourd’hui sans gêne que le pouvoir du président élu par le peuple soit dévolu à quelqu’un qui toute sa vie n’a jamais bénéficié du moindre suf-frage populaire. Face à la grande tentation donc, Gbagbo a usé de la stratégie du sage Job. Sachant que leur objectif n’est autre que de freiner la prise de conscience définitive du peuple dans l’espérance, Gbagbo a compris tout autant que toutes ces négociations n’étaient pas sincères, comme celles qu’engagea Satan avec Dieu sur le sort de Job. Job, qui incarne assurément un modèle d’espérance, de la foi. Quoi donc ? Faut-il les laisser indéfiniment ruiner le sujet de gloire de la Côte-d’Ivoire ? Bien sûr que non. Bien au contraire ! Job, n’ayant en rien cédé de son espérance tout en acceptant qu’on lui arrache tout, a reconquis tout ce qu’il possédait en double. Les ennemis de la Côte-d’Ivoire étant démasqués dans leur dessein (briser toute espérance dans un ordre nouveau), le président Gbagbo ayant vu que toutes ces négociations et sommets ne sont en rien une véritable recherche de « médica-ment » doit désormais user du pouvoir que lui confèrent Dieu et la Constitution : lever le bâton pour rétablir l’espérance, l’intégrité territoriale dont il est le garant. Car après dix sommets, tout est accompli et tous savent que les rebelles ne désar-meront jamais sans voir Ouattara président. II s’agit maintenant de les désarmer.

Bamba L. Wiwa (journaliste indépendant à Abidjan).

Bibliographie

 BOUQUET C., Géopolitique de la Côte d’Ivoire, Armand Colin, Paris, 2005.

 KABANDA M., Rwanda : les médias du génocide, Karthala, Paris, 1995.


L’institut Français de Géopolitique offre des formations de master intenses, exigeantes et passionnantes !

Hérodote est historiquement liée à la formation en géopolitique (master et doctorat) de l’Université Paris 8 — Vincennes - Saint-Denis, l’Institut Français de Géopolitique (IFG) où ont enseigné son fondateur Yves Lacoste, sa directrice Béatrice Giblin (également fondatrice de l’IFG), et une partie importante de l’équipe de la revue.

La première année est consacrée à la formation à et par la recherche, qui est au cœur du projet intellectuel et citoyen de l’École France de Géopolitique. Les étudiants et les étudiantes doivent écrire un mémoire de recherche d’une centaine de page appuyé sur une enquête de terrain d’un mois en autonomie. Un accompagnement fort leur est proposé pour favoriser leur réussite durant cette année si différente de leurs expériences précédentes.

En seconde année, quatre spécialisations professionnalisantes sont possibles : géopolitique locale et gouvernance territoriale, géopolitique du cyberespace, nouveaux territoires de la compétition stratégique, analyse des risques géopolitiques et environnementaux. Toutes ces spécialisations sont ouvertes à l’alternance, et la majorité des étudiants et des étudiantes a désormais un contrat d’apprentissage. Celles et ceux qui souhaitent faire une seconde année de recherche le peuvent, notamment en préparation d’un projet de doctorat.

Avec 85 places en première année, le master de l’IFG offre aussi une véritable vie collective de promo, animée notamment par une association étudiante dynamique. Les étudiantes et étudiants viennent de nombreuses formations et disciplines, notamment : géographie, d’histoire, de droit, de sociologie, de science-politique, Économie et gestion, langues (LLCE/LEA) ou de classes préparatoires.

Les candidatures en première année de master se font exclusivement via la plateforme nationale monmaster.gouv.fr du 26 février au 24 mars 2024. Toutes les informations utiles se trouvent sur le site www.geopolitique.net. En deuxième année, les candidatures doivent passer par le site de l’Université. L’IFG n’offre pas de formation au niveau licence.

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    (Uniquement à partir du numéro 109, second trimestre 2003)
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  • Thèmes envisagés

    Thème (date de rendu des articles)
    - Bassin de la mer Rouge (non déterminé)
    - Climat et Géopolitique (non déterminé)
    - Aérien et spatial (non déterminé)… Lire la suite.

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