Dès le xviiie siècle, la précarité des constructions imaginaires de la nation cubaine a induit la recherche de solutions pragmatiques, fondées sur une vision d’ordre, indispensable à la conduite du progrès. Tout au long du xixe siècle, puis sous la période républicaine (1902-1958), ce pragmatisme s’est traduit par l’attente de conditions plus propices à l’épanouissement national.

Faisant fi des doutes sur l’identité nationale, Fidel Castro a impulsé un tournant totalitaire à la révolution de 1959 pour instaurer l’ordre, le progrès et l’égalité de façon radicale. S’étant lui aussi fixé pour tâche de « forger la nation », l’attente de demain est devenue encore une fois la dimension centrale de l’imaginaire politique. Aujourd’hui, face au naufrage du projet révolutionnaire, la population cubaine attend la mort de Fidel Castro sans trop savoir ce qu’elle doit en espérer, ce qui trahit avant tout un imaginaire national en déroute.

Abstract : Situations of waiting : the dead-ends of the national Cuban imagination, yesterday and today

Since the 18th century, the precariousness of the imaginary construction of the Cuban nation has led to seeking pragmatic solutions, founded on an order vision, necessary to progress’ advance. During the entire 19th century, and then under the republican period (1902-1958), this pragmatism translated itself into the awaiting of more propitious conditions to the national blooming.

Scorning on doubts of national identity, Fidel Castro started a totalitarian turn at the 1959 revolution to impose order, progress and equality in a radical way. As he had also the urge to « forge » the nation, waiting for tomorrow became once more the central dimension of political imaginary. Today, facing the wreck of the revolutionary project, the Cuban population is waiting for Castro’s death without really knowing what to expect from it, and that really shows a disorded national imaginary.