Le postcolonial et ses acceptions contradictoires dans trois récents recueils d’articles

par Yves Lacoste

Depuis le début des années 2000, en raison des polémiques sur le rôle qu’a eu la colonisation et surtout depuis novembre 2005 à cause des grandes émeutes de banlieue, on utilise de plus en plus fréquemment, dans les milieux intellectuels français, le mot « postcolonial ». Dans différents courants de pensée, des discussions s’amorcèrent et des points de vue différents s’exprimèrent, les uns faisant référence aux postcolonial studies, qui jusqu’alors n’existaient pas en France, les autres se référant au contraire à l’histoire et à l’analyse géopolitique. Trois recueils d’articles, publiés durant l’année 2006 et dont le thème principal est le postcolonial, sont ici étudiés : « La question postcoloniale »(Hérodote, n°120), La Situation postcoloniale(sous la direction de MarieClaude Smouts, Presses de Sciences Po, 2006) et Penser le postcolonial : une introduction critique(sous la direction de Neil Lazarus, Éditions Amsterdam, 2006).

Abstract : The postcolonial and its contradictory meanings in three recent collections of articles

Since the beginning of the years 2000, dueto polemics on the role that colonialisationhad and especially since November 2005because of the riots in the suburbs, in Frenchintellectual circles, the word “postcolonial”is used more and more often. Withindifferent trends of thought, discussionsstarted and different views were expressed,some refering to postcolonial studies which,until then, did not exist in France, others discussing on the contrary the history andthe geopolitic analysis. Three collections of articles, published during 2006 aroundthe “postcolonial” topic are analyzed in this article : La question postcoloniale(Hérodote n° 120), La Situation postcoloniale (de Marie-Claude Smouts ed.,Presses de Sciences Po, 2006) and Penserle postcolonial : une introduction critique(Neil Lazarus ed., Amsterdam, 2006).

Article complet

Depuis le début des années 2000, en raison des polémiques sur le rôle qu’a eula colonisation, et surtout depuis novembre2005 à cause des grandes émeutes debanlieue, on utilise de plus en plus le mot « postcolonial » dans les milieux intellectuels français. Il était pourtant fort à la mode il y a une vingtaine d’années dansles universités américaines et le paradoxe est que, à propos de postcolonial, on s’yréférait alors à Jacques Derrida, Michel Foucault, Gilles Deleuze, etc., alors qu’enFrance ils n’avaient pas encore une aussi grande notoriété.

De la French Theoryaux problèmes des banlieues françaises

François Cusset, dans un livre passionnant et parfois très drôle, FrenchTheory [1], a raconté le lancement des premiers livres de ces philosophes (et surtoutde morceaux choisis rapidement traduits) dans les départements de littérature (etnon de philosophie) des plus célèbres universités américaines. François Cussetattire l’attention sur le fait que ces départements de littérature anglaise ont traditionnellement, outre-Atlantique, un grand rôle idéologique (un peu comparable àcelui qu’avait la philosophie en Allemagne ou l’histoire en France), car leur rôleest d’analyser et de démontrer l’originalité d’une pensée littéraire américainepour la distinguer de celle de l’Angleterre.

Cusset explique que vers 1960 les méthodes de la critique littéraire, The NewCriticism, qui avaient été très neuves vingt ans auparavant, cessent d’être considérées comme modernes dans les universités américaines, et, dans le contexte deleur concurrence et des mouvements d’idées durant la guerre du Vietnam, cela vafaire l’affaire de quelques journalistes et universitaires qui deviennent importateurs des idées postmodernes de philosophes français. On leur organise même destournées dans les départements de littérature des universités américaines. Maisquel rapport avec le postcolonial ?

Il se trouve qu’une jeune intellectuelle indienne, née en 1942 à Calcutta,Gayatri Chakravorty Spivak, venue aux États-Unis faire une thèse de littératureanglaise, lit un compte rendu du livre de Jacques Derrida, De la grammatologie [2].Elle le traduit et l’édite en 1976 avec une longue préface qui se réfère à l’idée dedéconstruction lancée par Derrida et qu’il développera plus tard. Cette traductionde De lagrammatologieet sa préface américano-indienne ont eu un très grandsuccès dans les milieux universitaires concernés (80000 exemplaires vendus à cejour). Or cette jeune dame, Gayatri Chakravorty Spivak, du nom d’un mari américain (dont elle divorça rapidement), est devenue une des théoriciennes les pluscitées mondialement en matière depostcolonial studies, mais aussi de postcolonialfeminist studieset de subaltern studies(consacrées aux opprimés de toutes sortes).

J’ai eu la curiosité d’abord, puis l’abnégation de lire les 445 pages de De lagrammatologiequi, selon Littré, traite en principe « des lettres, de l’alphabet, dela lecture et de l’écriture » et je dois dire que, dans le livre de Jacques Derrida, jen’ai pas trouvé grand-chose qui ait rapport avec le postcolonial (bien que, dans lespremières lignes de l’exergue, il dit vouloir « rassembler l’attention sur l’ethnocentrisme »), ou avec la déconstruction (une brève allusion en note p. 107). Enfait, il s’agit de commentaires de Derrida sur les rapports de la langue orale et del’écriture, rapports entre la linguistique et la sémantique, ce qui importe évidemment beaucoup aux linguistes. La seconde et majeure partie du livre, intitulée« Nature, culture, écriture », est consacrée à des commentaires de textes de JeanJacques Rousseau (surtout l’Essai sur l’origine des langues) qui vantent le prétendu bonheur en état de nature des peuples sans écriture (le thème du bonsauvage), Jacques Derrida allant chercher le renfort de Claude Lévi-Strauss dansTristes Tropiques. Ce dernier y célèbre l’égalitarisme et la félicité au Brésil duminuscule groupe des Nambikwara, qui n’ont pas d’écriture ni même de mot pourse poser certaines questions.

Pour ma part, devant ces propos en vérité révisionnistes, je dirais que, certes,l’écriture est un outil de pouvoir, ce d’autant qu’il s’exerce sur un peuple qui nesait ni lire ni écrire, mais qu’en revanche c’est aussi, bien évidemment, un grandinstrument de libération. Jacques Derrida, qui a passé sa jeunesse à Alger, auraitpu se poser par exemple la question des Kabyles qui ont une langue mais pasd’écriture et qui sont pourtant experts, comme bien d’autres, en matière depouvoirs. Mais Jacques Derrida, dans sa Grammatologie, a d’évidence d’autressoucis, notamment celui de l’inceste et de sa prohibition (d’où le renfort de LéviStrauss).

Il est étonnant que les commentateurs de l’œuvre de Gayatri ChakravortySpivak fassent débuter les postcolonial studiesaux États-Unis par sa préface (queje n’ai pas lue) de De lagrammatologiede Jacques Derrida qui, dans l’un de sespremiers livres, ne fait guère mention de « déconstruction », si tant est que cetteméthode ait par la suite beaucoup apporté aux postcolonial studies. L’orientationpremière de Gayatri Chakravorty Spivak vient sans doute de la thèse qu’elle fit(sous la direction de Paul de Man, un Belge, qui participera de la French Theory)sur le très grand écrivain et poète irlandais W. B Yeats (1865-1939) qui est considéré comme l’âme de la renaissance nationale irlandaise contre le colonialismebritannique. Yeats reçut le prix Nobel de littérature en 1923.

L’analyse littéraire du cas irlandais, tout à l’ouest de l’Europe et donc « occidental » par excellence et qui fut pourtant dès le XVesiècle un des tout premierscas de domination véritablement coloniale, aurait peut-être dû conduire GayatriChakravorty Spivak à penser, du moins au début de son itinéraire intellectuel,qu’on ne peut opposer systématiquement l’Occident à l’ensemble de l’humanité.

C’est pourtant ce point de vue, l’opposition de l’Occident au reste du monde,que les théoriciens des postcolonial studies imputent abusivement à Edward Said(Palestinien de nationalité américaine et professeur à la Columbia University),qu’ils révèrent comme un de leurs maîtres à penser. Certes, dans son livre le pluscélèbre, L’Orientalisme [3] (1978), Edward Said montre bien que, depuis l’expédition d’Égypte de Bonaparte (1798), les orientalistes européens ont construit desreprésentations plus ou moins fallacieuses de l’Orient (essentiellement le mondearabe), mais il ne rejette pas pour autant toutes connaissances sous prétextequ’elles ont été produites par des Occidentaux, car ceux-ci avaient aussi besoind’un savoir efficace.

Durant les vingt-cinq dernières années du XXesiècle, les postcolonial studiesse sont donc développées dans les universités américaines, à partir des départementsde langues, avec surtout des intellectuels et intellectuelles venus d’Inde, d’Afriquetropicale, du Moyen-Orient, des Antilles, ce que Gayatri Chakravorty Spivakappelle des « intellectuels diasporiques ». Il s’agit essentiellement de littérature,sans référence historique (en dépit du post) aux indépendances des colonies (etmoins encore à leurs différences géopolitiques), bref une démarche critique« postmoderne » qui débusque, dans des romans célèbres, l’hégémonie de l’Occident(hégémonie au sens où l’entendait Gramsci).

C’est seulement vingt-cinq ans plus tard, au début des années 2000, que l’on avraiment commencé à parler de postcolonial de l’autre côté de l’Atlantique,notamment en France. Ce décalage traduirait-il, comme le disent certains, unretard de l’intelligentsiaparisienne ? Je ne le crois pas, car depuis quelque cinquante ans celle-ci a suffisamment participé aux mouvements anticolonialistespour trouver absolument neuves les postcolonial studieset leurs analyses littéraires, même menées sous l’égide de Jacques Derrida et de Michel Foucault.

L’événement qui, en France, a ouvert la réflexion sur le postcolonial a été lesgrandes émeutes de banlieue qui se sont produites durant plusieurs nuits ennovembre2005 dans la plupart des agglomérations urbaines. Le gouvernement adû décréter l’« état d’urgence » (pour la première fois depuis la guerre d’Algérie)sans que les partis de gauche s’y opposent. Certes, depuis plusieurs années, dansles milieux intellectuels, on reparlait de la colonisation ; des groupes d’extrêmegauche dénonçaient les horreurs qui avaient été perpétrées en Algérie, la situationambiguë des départements d’outre-mer et les séquelles idéologiques de la périodecoloniale, alors qu’en revanche les nostalgiques de l’Algérie française prétendaient devoir entretenir leur devoir de mémoire. Mais tout cela ne concernaitalors qu’une minorité de la population.

En janvier2005, un appel pour les assises de l’anticolonialisme postcolonial,« Nous sommes les indigènes de la République », avait été lancé par de nombreuxmilitants « issus de l’immigration » (fils et filles d’immigrés). Bien que l’onpuisse juger absurde cette expression d’« indigènes » pour nommer des immigrés,alors qu’elle désignait la majorité en situation coloniale, cet appel posait en véritéla question postcoloniale. On savait évidemment que, depuis l’indépendance descolonies françaises, notamment celle de l’Algérie, une importante émigrations’était développée vers l’ancienne « métropole », mais l’extrême droite nationaliste fut longtemps la seule à en dénoncer le danger.

Le soudain éclatement en novembre2005 de ces grandes émeutes de banlieue,émeutes incendiaires dans lesquelles les enfants et petits-enfants d’immigrés setrouvèrent en grand nombre, démontra qu’il fallait entreprendre d’urgence l’analyse de cette situation postcoloniale et surtout de ses aspects dangereux et inattendus. Dans différents courants de pensée, des discussions s’amorcèrent et despoints de vue différents s’exprimèrent, les uns faisant référence aux postcolonialstudiesqui jusqu’alors n’existaient pas en France, les autres se référant au contraireà l’histoire et à l’analyse géopolitique. Aussi, depuis 2006, trois recueils d’articles,qui ont tous comme thème principal le postcolonial, ont notamment été publiés.Je les aborde par ordre de leur parution.

La Question postcoloniale, Hérodote

Le premier de ces recueils, publié au début de l’année 2006, fut le numéro 120de la revue Hérodote, La Question postcoloniale [4]. Ce numéro, destiné à marquer le trentième anniversaire de la revue, résultait de réflexions géopolitiques entreprises depuis plusieurs années (comme le montrent les intitulés de nombreuxnuméros antérieurs) tant sur les questions internationales que sur les problèmesde géopolitique interne de la France. Étant l’un des auteurs et jouant le rôle quel’on sait, j’ai quelques scrupules à rendre compte (brièvement) de ce numérod’Hérodotedeux ans plus tard dans la même revue. Mais il est très différent de cequi a été publié depuis 2006 sur le postcolonial et il importe de faire comprendreces différences.

Paradoxalement, la première originalité de cette approche par Hérodote de la« question postcoloniale » est que l’élément post (élément ou morphème pourfaire savant) est pris au sens précis, tout à la fois banal et sémantique : post signifie après, en diachronie de ce qui vient après (dans le temps), et en synchronie ouspatialement ce qui est derrière. Or la plupart des discours sur le postcolonialn’accordent aucune importance au fait que, au sens propre, le terme « postcolonial » désigne ce qui se passe après la colonisation, soit parce que leurs auteurs nesavent pas définir de façon claire et géopolitique ce qu’est une situation coloniale,soit parce qu’en fait ils considèrent comme une sorte de détail sans importance lefait qu’une nation soit ou ne soit pas indépendante, alors que des hommes et desfemmes ont lutté et donné leur vie dans cette lutte pour l’indépendance.

Certes pour une nation qui a été colonisée et qui devient indépendante (par quellesorte de processus ? à l’amiable ? par lutte armée ?), tous les problèmes sociauxetéconomiques ne sont pas réglés - loin de là - et d’autres problèmes politiquesapparaissent (quel est le groupe qui a le pouvoir ?). Mais l’indépendance d’unpays colonisé est un changement fondamental, de même que l’indépendance politique est pour toute autre nation une donnée primordiale, à tel point que l’on n’yprête plus attention. C’est non seulement une question de bon sens, mais aussi derespect du principe du droit des nations à l’indépendance que d’affirmer que lepostcolonial désigne, comme c’est le cas dans de très nombreux pays, ce qui vientaprès le temps d’une domination coloniale, les héritages négatifs et positifs decelle-ci se combinant avec des facteurs nouveaux. Je ne soulignais pas tout celaen 2006 dans l’article d’Hérodote sur « La question postcoloniale », car en Franceon ne parlait pas encore tellement des postpolitical studies qui escamotent laquestion de l’indépendance et donnent à post des sens presque psychanalytique(voir ci-après ce qu’en dit Marie-Claude Smouts dans La Situation postcoloniale).

Deuxième originalité de l’approche d’Hérodote : prendre en compte, ce que nefont guère lespostcolonial studies, le fait que la domination coloniale selon lespays a pris des formes très différentes, et donc que les situations postcolonialessont elles aussi très diverses. Il faut en effet distinguer les colonies d’exploitation(des indigènes que les étrangers font travailler) et les colonies de peuplement, oùles indigènes ont en partie été éliminés (par l’effet du « choc viral » et par génocide) et ont été remplacés par des Européens. Ces derniers se sont libérés assez tôtdes autorités métropolitaines : c’est le cas des États-Unis, du Canada, de l’Australie(devenus très tôt des démocraties), mais aussi de nombreux États d’Amériquelatine où se posent des problèmes politiques et culturels qui traduisent des situations postcoloniales très particulières.

Troisième originalité de l’approche d’Hérodote du postcolonial : sous le termede questionpostcoloniale, on prend en compte des problèmes historiquementnouveaux, mal connus, qui s’aggravent rapidement et dont les solutions ne sontpas évidentes. Ces problèmes se posent aussi dans des pays qui ont été des« métropoles » coloniales et qui subissent de nos jours les contrecoups des contradictions (dues à l’explosion démographique et aux conflits internes) qui se développent dans d’ex-colonies devenues indépendantes.

C’est sur la question postcoloniale telle qu’elle se pose en France que portentprincipalement les analyses d’Hérodote. D’où l’importance, dans ce numéro120,de l’article de Béatrice Giblin, « Fracture sociale ou fracture nationale ? De la gravité des violences urbaines de l’automne 2005 », et de l’enquête de JérémyRobine, « Les “indigènes de la République” : nation et question postcoloniale.Territoires des enfants de l’immigration et rivalité de pouvoirs ». Ce numéro120d’Hérodoten’ignore par ailleurs pas la démarche littéraire des postcolonial studies avec le bel article d’Émilienne Baneth-Nouailhetas, « Le postcolonial:histoires de langues », où elle note que le terme postcolonial est en fait apparunon pas aux États-Unis, mais en Australie et pour des questions internes (la question aborigène) au début des années 1960 (Bill Ashcroft, Gareth Griffiths etHelen Tiffin publieront en 1989 le célèbre The Empire Writes Back). Jean-LucRacine dans son article sur « L’Inde émergente, ou la sortie des temps postcoloniaux » ouvre une très intéressante problématique, celle du passage au postpostcolonial.

Marie-Claude Smouts, La Situation postcoloniale

Le deuxième recueil d’articles, publié en 2007, est La Situation postcoloniale,sous la direction de la politologue Marie-Claude Smouts [5]. Cet ouvrage, dont lesous-titre est « Les postcolonial studies dans le débat français », résulte d’un colloque qui s’est tenu en mai 2006 au Centre d’études et de recherches internationales et qui a rassemblé vingt-quatre participants, pour la plupart anthropologues,politistes, philosophes, mais aussi des spécialistes de littérature comparée et deshistoriens.

Je dirai d’entrée de jeu que le titre même de cet ouvrage fait problème, en postulant, par l’emploi du singulier, qu’il n’y aurait qu’une seule sorte de situationpostcoloniale, alors que, d’évidence, il y a d’une part celles qui existent dans lespays qui ont été colonisés de façons fort différentes et d’autre part celles desanciennes puissances colonisatrices. Mais le parti qui a été pris par les organisateurs de ce colloque est en fait de confondre les deux. Dans la préface de l’ouvrage, l’anthropologue Georges Balandier, après avoir longuement rappelé le rôle« pré-post » (en avance, dit-il, sur le postcolonial) de ses écrits, dès les années1950 (son Afrique ambiguë, 1957), se contente d’affirmer pour conclure que « lepostcolonial désigne une situationqui est celle en fait de tous les contemporains.Nous sommes tous, en des formes différentes, en situation postcoloniale [...]parce que les rapports géopolitiques se brouillent » (p.24).

Ces propos rhétoriques, qui me paraissent très discutables dans leur globalitéabstraite, sont repris par Marie-Claude Smouts, comme fil directeur de son introduction, « Le postcolonial, pour quoi faire ? » (40 pages), lorsqu’elle traite du passage « de la situation coloniale au postcolonial ». Se référant à Georges Balandier,elle considère « la situation coloniale comme une “totalité”, comme un systèmecomplexe de relations de pouvoir où la société coloniale et la société coloniséesont imbriquées » (p. 29). Les expressions « société coloniale » et « société colonisée » qu’elle utilise me paraissent étonnamment ambiguës. Tout d’abord, par« société coloniale », on entend habituellement (par abus de langage) la sociétécolonisée (et c’est d’ailleurs ainsi que l’entend Georges Balandier), alors queMarie-Claude Smouts veut en fait désigner la puissance colonisatrice pour l’opposer à la société colonisée. Mais surtout, c’est un artifice aujourd’hui à la modemondialisation que de laisser croire que l’ensemble de la société de la puissancecolonisatrice était impliqué - « imbriqué » dit Georges Balandier - dans la sociétécolonisée, alors que les colonisés n’étaient en contact qu’avec un petit nombred’Européens expatriés, notamment avec ceux qui étaient envoyés par la puissancecolonisatrice pour exercer des fonctions d’autorité. En revanche, dans nombred’ex-puissances coloniales (ou colonisatrices pour préciser), la situation postcoloniale se caractérise par une importante immigration venue des ex-colonies, cequi fait que ces immigrants et leurs enfants sont en contact avec l’ensemble de lapopulation. Ce qui amène certains groupes politiques (en principe d’extrêmegauche) à prétendre que la situation coloniale perdure, sous une allure postcoloniale, et que la société française, notamment, est en fait une société coloniale, ceque - selon eux - elle était déjà depuis des siècles puisque colonisatrice. L’ambiguïté de l’adjectif « colonial » favorise ces discours qui, sous prétexte de mondialisation, escamotent le fait que les colonies sont devenues indépendantes et que,au sens propre, au sens géopolitique, le système colonial n’existe plus.

Marie-Claude Smouts prend acte de nombreux discours à propos du postcolonial qui proclament en termes philosophiques « l’effacement des territoires et desfrontières » (comme le prétend Georges Balandier) et « l’enchevêtrement destemps et des territoires ». Elle constate que dans les postcolonial studies« le“post” ne renvoie pas à une notion de séquence avec un “avant” et un “après” etqu’il englobe toutes les phases de la colonisation : le temps des empires, le tempsdes indépendances, la période qui a suivi les indépendances, le temps d’aujourd’hui » (p. 32). C’est-à-dire qu’il n’est pas question d’un minimum de raisonnement historien mais d’un discours à prétention littéraire ou philosophique.

Le post du mot postcolonial, poursuit Marie-Claude Smouts, « exprime également un “au-delà” qui est à la fois une résistance, une visée et une espérance:résistance aux représentations de l’Autre comme semblable mais inférieur ; viséede repenser les expériences historiques fondées sur la domination pour les reformuler en histoire partagée ; espérance d’une reconnaissance réciproque redonnantà chacun son histoire, sa culture et sa dignité » (p. 33). « Le postcolonial est uneapproche, une manière de poser les problèmes, une démarche critique qui s’intéresse aux conditions de la production culturelle des savoirs sur Soi et sur l’Autre,à la capacité d’initiative et d’action des opprimés (agency)dans un contexte dedomination hégémonique. À partir de cette base commune, les études postcoloniales se sont développées dans d’innombrables directions pour s’appliqueraujourd’hui à toutes les formes de domination (sur les femmes, les homosexuels,les minorités ethniques, etc.) si bien que l’on ne saurait trouver une “théorie postcoloniale” ni même une définition stricte du mot “postcolonial” » (p. 33). C’estcette « démarche critique qui s’intéresse aux conditions de la production culturelle des savoirs sur Soi et sur l’Autre » qui me fait penser à une démarche psychanalytique. Autant celle-ci est sans doute utile pour éclairer les problèmesintimes de l’individu, autant elle me paraît métaphore illusoire lorsqu’il s’agit desproblèmes d’une nation. Marie-Claude Smouts signale que la paternité conceptuelledu mot postcolonial est revendiquée par de nombreux auteurs et que ce furent toutd’abord des universitaires spécialistes de littérature comparée, notamment de littérature anglaise, qu’ils soient d’abord australiens ou qu’ils soient venus vivre auxÉtats-Unis.L’ouvrage dirigé par Marie-Claude Smouts est organisé en trois parties bienéquilibrées, avec chacune une centaine de pages : la première est intitulée « Lalittérature comme révélateur » (les littératures postcoloniales anglophones, leroman indien de langue anglaise, le postcolonial dans les études littéraires enFrance, au-delà de la postcolonie, le Tout-Monde ?). La deuxième partie est« L’importation des postcolonial studies » (leur projet critique, promesses etembûches du postcolonial, questions de méthode, faire parler les subalternes ou lemythe du dévoilement). La troisième partie est intitulée « Le continuum postcolonial » : la France postcoloniale (un besoin d’histoire, les paradigmes postcoloniaux par la langue, l’héritage politique de la colonisation) ; une révolutionmanquée (le traumatisme colonial) et quelle place pour les études postcolonialesdans la science politique française ?

Neil Lazarus, Penser le postcolonial : une introduction critique

Publié fin 2006 aux Éditions Amsterdam (443 pages), l’ouvrage Penser lepostcolonial : une introduction critique, dirigé par Neil Lazarus [6], est particulièrement intéressant parce qu’il rassemble les contributions remarquablement traduites de douze universitaires anglophones (anglais et américains), spécialistespour la plupart de littérature comparée ou de littérature anglaise, et qui ont déjàbeaucoup publié sur les questions postcoloniales et surtout sur tel ou tel pays du« monde postcolonial » ou de ce que l’on pourrait encore appeler le tiers monde.Neil Lazarus, le maître d’œuvre, est professeur à l’université de Warwick et il apublié Resistance in Postcolonial African Fiction (1990) et a codirigé, en 2002,Marxism, Modernity and Postcolonial Studies [7].

Si maints auteurs de postcolonial studiespassent les données de l’histoire soussilence, ce n’est certes pas le cas de Neil Lazarus. Son livre débute par 45pagespassionnantes, intitulées « Chronologie indicative », qui juxtaposent année aprèsannée depuis 1898 (l’indépendance de Cuba), d’une part, des événements significatifs (guerres, révoltes, etc. en Afrique, Asie et Amérique latine sans oublierl’Europe - l’Irlande en 1916 et la révolution de 1917) et d’autre part, sur la mêmepage, en colonne de droite, des écrits, des discours, des poèmes et des livres significatifs y compris des œuvres de fiction (les premiers de cette liste sont Au cœurdes ténèbres de Joseph Conrad [1899] et, la même année, Le Fardeau de l’hommeblancde Rudyard Kipling. Cette liste s’arrête à 2003, avec la guerre d’Irak).

Le premier chapitre rédigé par Neil Lazarus, « Introduire les études postcoloniales », souligne que, dans le début des années 1970, lorsque apparaît le motpostcolonial (post-colonialen anglais), il a alors « un sens historique et politiquestrictement limité ». Pour « faire comprendre combien les choses ont changé »,Neil Lazarus fait une longue citation d’un essai de Homi K. Bhabba d’origineindienne et professeur à Harvard, auteur de Les Lieux de la culture. Une théoriepostcoloniale, fréquemment cité dans les postcolonial studies. Neil Lazarus enconclut que, dans la pensée de Homi K. Bhabba, « postcolonial a cessé d’être unecatégorie historique » : pour celui-ci « post vise les discours idéologiques de lamodernité ». Lazarus dénonce le fait que, pour Bhabba, « la critique postcolonialeest de façon constitutive antimarxiste [...] et manifeste un désaveu indifférenciépour toutes les formes de nationalisme et une exaltation correspondante de lamigrance, de la liminalité, de l’hybridité et de la multiculturalité » (p. 63). Il fautbien comprendre « l’origine des dispositions fortement antinationalistes et antimarxistes de la plupart des chercheurs travaillant dans le domaine des étudespostcoloniales » (p.64)... dans les universités américaines et britanniques.

« La postcolonialité est la condition de ce que nous pouvons appeler généreusement une intelligentsia d’acheteurs(comprador) : il s’agit d’un groupe relativement modeste d’intellectuels et d’écrivains formés à l’occidentale et au styleoccidental, qui négocie à la périphérie le commerce des biens culturels du mondecapitaliste. » Ce que Gayatri Chakravorty Spivak appelle sans hypocrisie les« intellectuels diasporiques ». « La postcolonialité, poursuit Neil Lazarus, est lacondition de l’intelligentsia du capitalisme global » (p. 65).

Le deuxième chapitre du livre, « L’ordre mondial depuis 1945 », rédigé parLazarus est assez classique : mondialisation, centre-périphérie, avec pour finir cecinglant passage, après avoir cité l’écrivaine indienne fort à la mode ArundhatiRoy qui se gausse des rêves de liberté postcoloniaux : « De nombreux universitaires qui travaillent dans le domaine des études postcoloniales font montre d’unparfait cynisme vis-à-vis des mouvements de décolonisation et de libérationnationale [...], écrit Lazarus, le monde académique contemporain a tendance àmettre l’accent non plus sur l’“héroïsme révolutionnaire” qui pendant la lutteanticoloniale frappa pourtant partout les esprits, mais sur les reculs et les défaitesqui suivirent l’indépendance, sur les “échecs”, les détournements et la bureaucratisation » (p.97).

Le troisième chapitre, « Anticolonialisme, libération nationale et formationdes nations postcoloniales », a pour auteur la sociologue Tamara Sivandan. Ellerappelle à juste titre que la « question de la “nation” tomba en disgrâce dans lesmétropoles après 1945 » (ce n’est pourtant pas le cas aux États-Unis) et elledénonce le fait que « certains historiens et politologues (dont Eric J. Hobsbawm)ont conçu le nationalisme comme un mouvement et une philosophie essentiellement européens, inappropriés aux pays du tiers monde, lesquels soit n’y étaientpas prêts, soit n’en étaient pas dignes » (p. 114). Elle souligne au contraire que,pour Neil Lazarus, « le nationalisme est indispensable au tiers monde parce quec’est sur le terrain de la nation que l’on peut construire une articulation entre l’intellectuel cosmopolite et la conscience populaire... et c’est [ainsi] que l’on peutdéstabiliser l’impérialisme » (p. 117). Suivent des pages fort utiles sur les luttesde libération nationale, dans le sous-continent indien, en Algérie et sur la décolonisation et la construction des États-nations postcoloniaux.

Le chapitre quatre (Bénita Parry) traite de « l’institutionnalisation des étudespostcoloniales ». Il y est dénoncé le fait que les postcolonial studies donnent la« priorité à l’analyse des formations discursives et aux processus de signification,à la discussion des structures internes des textes, des énoncés et systèmes designes » (p. 149) en les détachant presque totalement des contextes politiques etsociaux. Le chapitre cinq (John Marx) traite de la littérature postcoloniale et descanons littéraires occidentaux : Shakespeare (La Tempête), Conrad... Le chapitresix, « Postructuralisme et discours postcolonial » (Simon Gikendi), glisse vers cequ’a dénoncé jusque-là Neil Lazarus puisqu’on y traite, en langage convenu pourphilosophes, de Sartre, de Saussure, de Lévi-Strauss et surtout de Derrida dont laGrammatologie est encensée en prétendant que s’y trouve ce que j’y ai cherché etn’ai pas trouvé.

Fort heureusement le chapitre sept (Timothy Brennan) est plus lisible : « Dudéveloppement à la mondialisation : les études postcoloniales et la théorie de lamondialisation ». À cet égard, cinq « positions possibles » sont proposées, maisleurs « liens avec les études postcoloniales » ne sont pas évidents. Il y a mêmedes phrases (dignes de philosophes, dirai-je méchamment) qui, du point de vuethéorique, sont assez niaises, telle que « le colonialisme, comme l’impérialisme,implique l’assujettissement d’un individu par un autre » (p. 221). Il s’agit pourtant tout d’abord, au niveau mondial, de relations entre des États, des nations, desformations sociales, des entreprises, car il faut distinguer différents niveauxd’analyse spatiale. Mais Brennan récidive imprudemment : « L’idée clé qui meutle colonialisme et l’impérialisme, c’est que chaque individudu pays conquérantest supérieur au conquis d’un point de vue civilisationnel » (p.222). Ce n’est pasmoi qui souligne chaque individu. La distinction qui suit entre colonialisme etimpérialisme est des plus sommaires et l’« idée clé » civilisationnelle qui, soidisant, les meut, réjouirait Sa Sainteté le pape.

Le chapitre huit « Lire l’histoire subalterne », qui débute par « Lire le pouvoir », fait appel tout en s’en défendant « à la narratologie structuraliste, à lasémiologie barthésienne et à l’analyse foucaldienne du discours » (c’est très chic).« Lire le subalterne », comme y invite Gayatri Chakravorty Spivak, implique lerenoncement aux « modes de production » chers aux marxistes, de faire une« théorie de la conscience de soi », d’envisager la « société coloniale comme untexte, comme une chaîne continue de signes » qu’il faut « aligner sur la déconstruction » car « la théorie littéraire doit venir sauver l’historien des pièges de l’explication historique... et de leur propre humanisme de gauche » (p.239). Ce discoursqui est dit « alambiqué » est-il pris par Neil Lazarus pour argent comptant ouoffert habilement à la critique ? Toujours dans ce chapitre « Lire l’histoire subalterne », quelques pages traitent, à propos de l’Inde, de « Nation, communauté etmodernité » ; c’est bien peu. Mais ce thème de la nation est repris dans le chapitre neuf, « Temporalié et critique postcoloniale » (Keya Ganguli). Y est abordée« la thèse d’une importance cruciale pour les réflexions sur l’émergence postcoloniale, lesquelles reposent sur la présupposition que les sociétés anciennementcolonisées forment des nations » (p. 271), ce qui implique une conception assezsimpliste de la nation. Le chapitre dix, « Nationalisme et études postcoloniales »(Laura Chrisman), revient sur la question de la nation. Celles-ci « ont émergédans les années 1980 quand la grande ère du nationalisme anticolonial tiers-mondiste touchait à sa fin [et] quand le communautarisme ethnique violent commençait à prendre des dimensions mondiales » (p. 281). Le nationalisme est-il undiscours dérivé du« cadre intellectuel de l’Ouest ? » (p.282). C’est assurément un« instrument de domination » (p.287) et, à mon avis, il n’est pas besoin de recourir à la différAncederridienne pour le démontrer, mais il est intéressant d’envisager le nationalisme comme un « projet historique inachevé » (p. 296).

Le chapitre onze (Deepika Bahri) traite longuement du « Féminisme dans/et lepostcolonialisme ». Sont évoqués le thème de l’« Européenne violée » (pardesindigènes) et celui de l’interdiction par les Anglais du sati, la crémation desveuves. Il y a, dit l’auteure, « des tensions entre féminisme et postcolonialisme etentre féminismes “occidentaux” et postcoloniaux » (p. 305). Cela fait l’objet denombreuses discussions.

Le chapitre douze (Fernando Coronil de l’université du Michigan) est particulièrement intéressant car il traite des « Études postcoloniales latino-américaines »qui concernent des États dont l’indépendance à l’égard de l’Espagne et duPortugal remonte au XIXe siècle. Ces indépendances furent le fait non des indigènes mais des « créoles », c’est-à-dire des « colons » qui en profitèrent pour renforcer leurs pouvoirs sur les Indiens en s’emparant des « terres de la Couronne »où vivaient jusqu’alors les communautés indiennes. D’où les discours d’indépendance des libertadorsqui sont en fait des discours colonialistes.

Aussi, pour Gayatri Chakravorty Spivak,« l’Amérique latine n’a pas participéà la décolonisation » (p.350). « Le post- du postcolonialisme, dit Coronil auparavant, s’avère un post-anticolonial permettant de décoloniser la décolonisation. »Cette formulation est assez spécieuse, mais elle n’est pas sans raison. Mais, dit ensubstance Coronil, il ne faut surtout pas négliger « l’étude des formes contemporaines de domination politique et d’exploitation économique » (p. 354). Ce querecommandait Edward Said peu de temps avant sa mort, en prenant ses distances,une fois encore, avec les postcolonial studies.

Le chapitre treize, « Migrance, hybridité et études littéraires postcoloniales »(Andrew Smith), traite des comportements des intellectuels qui produisent lesdiscours à la mode des postcolonial studies, ceux que Gayatri Chakravorty Spivakappelle par lucide autocritique les « intellectuels diasporiques ». Ce livre passionnant se termine par les propos de l’écrivain nigérian Femi Osofisan, « qui fontcontrepoids aux célébrations de l’hybridité et de la migrance qui prévalent dans lathéorie postcoloniale... presque tous les auteurs vivent dans un autre pays où ilsvirent le jour [...], tous sont publiés dans des maisons d’édition dont le siège setrouve dans les grands centres capitalistes d’Europe et d’Amérique, et l’endroitoù ils sont édités signifie que leur public se composera surtout d’étrangers. Celadétermine le style qu’ils choisissent. Une prose déstructurée postmoderne, dissonante et délirante, conforme à la mode littéraire occidentale actuelle et à ses critères de respectabilité (une conformité que confirme leur aptitude à recevoir desprix prestigieux (p. 386) ».


[1François CUSSET, French Theory. Foucault, Derrida, Deleuze et Cie et les mutations dela vie intellectuelle aux États-Unis, La Découverte, Paris, 2003, 2005.

[2Jacques DERRIDA, De la grammatologie, Minuit, Paris, 1967.

[3Edward SAID, Orientalism : Western Representations of the Orient, Pantheon, New York,1978 ; trad. fr. L’Orientalisme : l’Orient créé par l’Occident, Seuil, Paris, 1980 ; réédition augmentée d’une préface de l’auteur (2003), Seuil, Paris, 2005.

[4La Question postcoloniale, Hérodote, n°120, La Découverte, Paris, 1er trimestre 2006, 272 pages.

[5Marie-Claude SMOUTS(dir.), La Situation postcoloniale : les postcolonial studies dans le débat français, préface de Georges Balandier, Presses de Sciences Po, Paris, 2007, 451 pages.

[6Neil LAZARUS(dir.), Penser le postcolonial : une introduction critique, ÉditionsAmsterdam, Paris, 2006 (443 pages).

[7Neil LAZARUS, Resistance in Postcolonial African Fiction, Yale University Press, NewHaven et Londres, 1990 ; Crystal BARTOLOVICHet Neil LAZARUS(dir.), Marxism, Modernityand Postcolonial Studies, Cambridge University Press, Cambridge, 2002.


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