Le 9-3 symbole du ghetto dans la nation
par Jérémy Robine
Dans les représentations, le 9-3 sert souvent d’exemple pour dénoncer l’existence de territoires tenus par des caïds de la drogue ou par des islamistes. Ces images ne correspondent à rien, car il n’y a pas, en Seine-Saint-Denis, de territoires où la police n’entrerait pas ni de zones dans lesquelles la charia aurait remplacé la laïcité et les lois de la République. Au contraire, la police y mène une action préventive de fond, peu connue et peu mise en avant, ce qui ne permet pas de reconstruire une relation de confiance avec la population. Ce qui est en cause, ce sont les modalités d’action et la mission confiée à la police dans ces territoires. Ces questions révèlent la composante raciale de l’ordre social en France, impensée dans les représentations majoritaires de la nation. La réinterprétation sous l’angle religieux de cette question raciale rend sa résolution plus complexe encore, surtout dans le contexte de l’offensive meurtrière de l’État islamique en France depuis janvier 2015.
Abstract : The 9-3, symbol of the ghetto in the nation
In everyday representations, "9-3" is often used as an example to denounce the existence of territories held by drug lords or by Islamists. But in fact, there is no no-go zone, neither is there Sharia zone in Seine-Saint-Denis. Instead, police is conducting a background preventive action, little known and highlighted, which does not allow to rebuild a relationship of trust with the population. What is at stake are the modalities of action and the mission entrusted to the police in these territories. This reveals the racial component of social order in France, denied in majority representations of the nation. Reinterpreting this racial issue under a religious angle makes its resolution even more complex, particularly in the context of the deadly terrorist attacks of ISIS in France since January 2015.
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