Interroger la domination partisane ? : quand le parti hégémonique n’est pas le parti dirigeant
Alors que le parti Russie unie, créé en 2001 pour soutenir Vladimir Poutine cette même année, domine le système partisan russe depuis quinze ans, son poids politique demeure paradoxalement faible. Il constitue ainsi un cas peu étudié dans la littérature sur les organisations partisanes ? : celui d’un parti hégémonique – au sens de Giovanni Sartori d’une organisation partisane qui évolue dans un système non compétitif – mais qui pourtant n’est pas un parti dirigeant et demeure un instrument entre les mains des dirigeants du pouvoir exécutif. Cet article vise à éclairer un des aspects de cette forme de domination partisane particulière en analysant les ressorts de ses victoires aux élections régionales puis législatives, dans un contexte de baisse du soutien de la part des électeurs. Il montre en effet de quelle façon, après le mouvement de protestation de l’hiver 2011-2012, les dirigeants de l’exécutif ont finalement choisi de maintenir le statu quo en garantissant la domination de Russie unie via une réforme de la législation électorale plutôt que de réformer le parti ou de renforcer son rôle dans la vie politique russe.
Abstract : Questioning partisan domination ? : when the hegemonic party is not a ruling party
Whereas the United Russia party, created in 2001 to support Vladimir Putin, has dominated the Russian partisan system for 15 years, its political weight remains paradoxically weak. United Russia constitutes a case that has not been studied a lot in the literature about political parties. United Russia is a hegemonic party – as Giovanni Sartori defines it as an organization which exists in non-competitive party systems – but not a ruling party. It remains a tool for the leaders of the executive branch. This article aims at analyzing one aspects of this specific form of partisan domination. It studies the factors of the party’s victories at regional and legislative elections in a situation when electoral support decreases. It shows how, after the winter 2011-2012 protest movements, the executive branch leaders have chosen to maintain the status quo and to guarantee United Russia domination by an electoral legislation reform rather than reforming the party or reinforcing its role in Russia political life.
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