Géopolitique des forêts d’Afrique centrale
par Alain Karsenty
Résumé :
À rebours des autres régions du monde, l’Afrique pourrait devenir bientôt le continent de la déforestation, avec la République démocratique du Congo qui perd plus d’un million d’hectares de couvert arboré par an. En Afrique centrale, la déforestation est le fait d’une petite agriculture dont l’emprise géographique s’accroît avec la démographie et la volonté de se constituer des patrimoines fonciers. Le phénomène d’accaparement des terres boisées par l’agrobusiness reste limité, la plupart des annonces impressionnantes ayant tourné court du fait des résistances paysannes et des réticences des gouvernements. L’exploitation des forêts se fait toujours très largement sous le régime des concessions, mais les intérêts européens sont devenus minoritaires face aux conglomérats asiatiques, notamment chinois. L’émergence d’une rivalité sino-indienne dans le secteur forestier se dessine au Gabon. Les initiatives internationales qui se succèdent n’ont pas obtenu de résultats convaincants et le processus REDD + reste essentiellement une vitrine à destination des donateurs sans prise réelle sur le terrain. Le Gabon a su tirer parti d’une habile diplomatie climatique qui lui confère un leadership auparavant occupé par la RDC. La crise de 2020 pourrait entraîner une baisse de certaines pressions sur les forêts (infrastructures et activités extractives) mais risque d’en renforcer d’autres, de nombreux néo-chômeurs devant se rabattre sur l’agriculture vivrière.
Abstract : Geopolitics of Central Africa forests
In contrast to other regions of the world, Africa could soon become the continent of deforestation, with Democratic Republic of Congo losing more than 1 million hectares of tree cover per year. In Central Africa, small-scale agriculture is the main driver of deforestation. Its expansion is associated with demographic patterns and the desire to build up a land heritage. Land grabbing of forestland by agribusiness remains limited, as most of the impressive announcements have turned out to be short-lived due to local people resistance and government reluctance. Forest exploitation is still mostly carried out under the concession regime, but European interests have become a minority in the face of Asian conglomerates, particularly Chinese. The emergence of Sino-Indian rivalry in the forestry sector is emerging in Gabon. Successive international initiatives have not achieved convincing results, and the REDD + process remains essentially a showcase for donors with no real grip on the ground. Gabon has been able to take advantage of a skillful climate diplomacy that gives it a leadership previously hold by the DRC. The 2020 crisis could reduce some pressures on forests (infrastructure and extractive activities), but may increase others, as many neo-unemployed people will have to resort to subsistence farming.
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