127 - Géopolitique du tourisme
(quatrième trimestre 2007)
En quoi le phénomène économique et culturel qu’est devenu le tourisme peut-il être envisagé en termes géopolitiques ? Il ne suffit pas d’évoquer la mondialisation sous tous ses aspects - le temps n’est plus où les États « socialistes » fermaient leurs territoires aux touristes comme aux capitaux étrangers. Il faut plus que jamais poser les problèmes du tourisme en termes de rivalités de pouvoirs sur des territoires aux dimensions fort différentes : depuis le planétaire et l’international jusqu’aux quartiers touristiques et aux stations balnéaires. Les agences de tourisme excluent de leurs circuits les pays où existent de fortes tensions politiques et, dans une stratégie elle aussi mondiale, les mouvements islamistes considèrent le tourisme comme une offense à l’islam : en Égypte, en Turquie ou en Indonésie, des groupes terroristes visent des touristes occidentaux.
On ne peut réduire le tourisme aux touristes et les considérer comme une catégorie oisive de la société : ils ne sont touristes que quelques jours par an. Et le tourisme, ce sont aussi des centaines de millions de personnes qui travaillent toute l’année dans de multiples « activités de service » (hôtellerie, restaurants, construction, mais aussi prostitution, etc.). En Afrique, en Asie ou en Amérique latine, ces travailleurs sont surtout au service d’étrangers qui dépensent beaucoup d’argent dans des activités jugées futiles. Cela permet à certains d’évoquer un « choc de civilisations ». Mais le tourisme ne fonctionne pas seulement dans un rapport Nord/Sud : les plus importantes destinations touristiques sont en Europe occidentale et en Amérique du Nord, où le tourisme intérieur est également très développé. Alors que le personnel de ces activités touristiques demeure largement formé d’immigrés.
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