124 - Proche-Orient, géopolitique de la crise
(premier trimestre 2007)

Alors que la guerre civile entre sunnites et chiites faisait rage en Irak où s’enlisait l’armée américaine, la guerre qui s’est déroulée au Liban en juillet-août 2006 a marqué un important changement géopolitique au Proche-Orient. Elle s’est soldée par un sérieux revers pour l’armée israélienne dont l’aviation s’est révélée incapable de mettre fin aux tirs de roquettes du Hezbollah, le Parti de Dieu. Lorsque l’état-major israélien décida d’engager des troupes au sol, il apparut que les services de renseignement israéliens avaient minimisé l’efficacité du dispositif fortifié construit par le Hezbollah tout près de la frontière. Aussi croit-on désormais dans les pays arabes que ce sont des forces islamistes qui peuvent s’opposer efficacement à la puissance militaire israélienne.
Cette guerre a démontré la projection de puissance de l’Iran au Proche-Orient, puisque les missiles tirés sur Israël par le Hezbollah venaient d’Iran. Le président iranien qui veut « rayer Israël de la carte » a proclamé que son armée disposait de fusées à longue portée pouvant atteindre Jérusalem. Pour empêcher l’acheminement des missiles depuis la Syrie et frapper leurs sites de lancement, l’aviation israélienne a détruit au Liban les ponts et les routes, des centrales électriques et une partie des quartiers chiites de Beyrouth. Tout cela conforte la haine d’Israël dans les pays musulmans, et altère l’image d’Israël dans les opinions européennes qui, tout autant, s’étonnent de l’inefficacité de son armée. D’où un grave débat en Israël. Il s’agit en effet d’une nation démocratique, mais le chantage des colons et des partis religieux, comme les menaces des islamistes, font qu’elle maintient son oppression sur le peuple palestinien. Ce fut aussi le cas de la France en Algérie (en un temps où il n’y avait pas encore de partis islamistes).
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